L’ancien Premier ministre, contraint de quitter ses fonctions à la suite d’une motion de censure, observe que la France ne souffre pas d’un déficit de prétendants à la présidence de la République. Il ne révèle pas explicitement ses intentions, cependant, il affirme mardi sur France Inter qu’un aspirant à la présidentielle doit impérativement se confronter à « trois interrogations fondamentales ». Il ajoute qu’au cas où il envisagerait de se présenter, il prendrait soin de se poser ces mêmes questions.
« Je suis pleinement engagé dans le débat politique actuel, avec une grande détermination », déclare mardi 10 juin sur France Inter l’ancien Premier ministre Michel Barnier, à l’occasion de la sortie de son livre Ce que j’ai appris de vous (Calmann Lévy), six mois après avoir été destitué suite à une motion de censure.
Lorsqu’on lui demande son avis sur la « colère » exprimée par l’un de ses anciens collègues à Matignon, Édouard Philippe, face à la situation du pays, Michel Barnier se positionne, lui, en homme « déterminé ». « Je comprends la colère, naturellement, mais ce sont avant tout les Français qui la ressentent, à cause des injustices, du sentiment d’exclusion, du manque de services publics, ainsi que de l’impunité dont bénéficient certains délinquants qui détruisent tout. Notre rôle est de proposer des solutions. »
Se demander si l’on est prêt à assumer la présidence
« Je conseille de chercher les bonnes réponses à tous les niveaux », affirme-t-il avec insistance. « Un homme ou une femme politique peut avoir des émotions, mais il ne faut pas consacrer trop de temps à exprimer sa colère. Je connais bien Édouard Philippe et ce n’est pas une critique, simplement ce n’est pas ma manière de voir les choses. » Les deux anciens chefs de gouvernement avancent leurs pions en vue de la présidentielle de 2027 : Édouard Philippe a d’ores et déjà officialisé sa candidature, tandis que Michel Barnier indique actuellement vouloir « apporter sa contribution au débat des idées ».
« La France ne manque pas actuellement de prétendants à la présidence. Mais dans le contexte critique où nous nous trouvons, je crois qu’il est essentiel que ces candidats fassent preuve de lucidité en se posant trois questions clés, que je me permets de partager avec vous car elles me concernent aussi : Suis-je capable d’assumer la fonction de président de la République ? Ai-je un projet adapté aux besoins de mon pays ? Et enfin, puis-je fédérer au-delà des frontières de mon propre camp ? Ce sont, selon moi, les interrogations que tout candidat sérieux devrait avoir à l’esprit. Si je suis candidat, je me les poserai, c’est certain. »