Nicolas Ray, député du parti Les Républicains et l’un des auteurs de cette proposition législative, a souhaité mettre en lumière un pan méconnu de l’histoire concernant ces milliers de personnes rapatriées. Il a notamment souligné que de nombreux rapatriés d’Indochine, revenus dès le milieu des années 1950, ont dû faire face à des situations de vie particulièrement difficiles et précaires après leur retour sur le sol français.
L’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité une proposition de loi visant à honorer la mémoire des rapatriés d’Indochine par la France. Nicolas Ray, député Les Républicains de la troisième circonscription de l’Allier et coauteur du texte, s’est réjoui de cet « important progrès, puisqu’on a souvent négligé ces rapatriés », lors d’une interview diffusée mercredi 4 juin sur ICI Pays d’Auvergne (anciennement France Bleu). Ce projet législatif, soutenu par tous les partis, propose d’instaurer une journée nationale de commémoration fixée au 8 juin, étendant ainsi l’hommage traditionnel aux morts pour la France en Indochine aux différents combattants, militaires, membres des formations supplétives et aussi aux rapatriés eux-mêmes. Par ailleurs, la loi prévoit la mise en place d’une procédure visant à indemniser financièrement les personnes accueillies dans des conditions dégradantes. La prochaine étape sera l’examen de ce texte par le Sénat.
Dès octobre 1955, nombreux sont les rapatriés qui ont été installés à Noyant-d’Allier, dans le département de l’Allier. Entre 1955 et 1965, cette commune a hébergé près de 440 familles, soit plus de 3 000 individus venus d’Indochine, logés dans d’anciennes maisons de mineurs. Le député précise que « les situations les plus difficiles ne se situaient pas forcément dans l’Allier, mais plutôt dans des départements comme le Lot-et-Garonne ou dans certains autres centres d’accueil ». Cependant, il souligne tout de même que « les conditions de vie demeuraient précaires, insalubres, et surtout qu’il y avait des restrictions sur les libertés individuelles ».
Un accueil que la France aurait dû garantir avec davantage de dignité
Nicolas Ray insiste sur le fait que « ces personnes étaient privées de leur liberté de circulation, elles ne pouvaient pas percevoir de revenus, ni même posséder des biens ou des équipements. Elles ont donc enduré des années de préjudice et des conditions de vie difficiles, alors que la France aurait dû les recevoir avec bien plus de respect et de considération ». Il affirme ainsi qu’il aurait fallu accorder aux rapatriés d’Indochine une reconnaissance comparable à celle des rapatriés d’Algérie. « En 2022, une loi a enfin accordé une juste reconnaissance aux harkis, alors que les rapatriés venant d’Indochine avaient été trop longtemps laissés sans reconnaissance », ajoute-t-il.
Cette reconnaissance sera non seulement symbolique, mais également financière. « C’est d’ailleurs l’aspect qui a suscité le plus grand nombre de débats hier. Nous avons cependant réussi à dégager un compromis », relate le député. Selon lui, les rapatriés pourraient bénéficier d’une indemnisation de l’ordre de « 4 000 euros par an. Le montant exact variera en fonction des années concernées et de la durée de leur séjour dans ces centres ».