La ministre souhaite que les plateformes de réseaux sociaux soient soumises aux mêmes obligations de responsabilité que les chaînes télévisées lorsqu’elles diffusent des contenus comportant des propos déplacés ou inadéquats.
« Il n’est pas envisageable d’obtenir une autorisation pour tenir des propos racistes ou antisémites », déclare mardi 3 juin sur 42mag.fr Aurore Bergé, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes ainsi que de la lutte contre les discriminations. La veille, elle a exigé des plateformes sociales qu’elles établissent des « règles précises » pour exclure les utilisateurs diffusant des contenus nuisibles, leur rappelant leurs devoirs en termes de modération et menaçant d’éventuelles sanctions.
Les géants du numérique ont longtemps « été perçus uniquement comme des hébergeurs techniques », ce qui signifiait « qu’en réalité ils ne prenaient aucune responsabilité et s’abritaient derrière cette absence d’engagement en déclarant ‘ce sont les internautes qui publient les contenus, pas nous’ », explique la ministre. Toutefois, à présent, « ils ne peuvent plus se retrancher derrière cette irresponsabilité : il faut des règles nettes. On ne peut pas avoir un droit de parole pour tenir des propos racistes ou antisémites », affirme-t-elle fermement.
Des règles équivalentes à celles des médias audiovisuels
Aurore Bergé met en cause directement la responsabilité des plateformes comme Meta (Facebook, Instagram), TikTok, X ou Twitch. « La modération sur ces sites laisse souvent à désirer. Il suffit de naviguer sur l’une ou l’autre de ces applications pour constater la présence de milliers de comptes diffusant des incitations à la haine, au racisme, à l’antisémitisme, à l’homophobie, au harcèlement en ligne ciblant enfants et adolescents, ou encore des violences envers les femmes », dénonce-t-elle. Lors de son entrevue lundi, « je les ai confrontés à des exemples précis », mais les réponses n’étaient pas à la hauteur. « Je leur ai déclaré ‘vous êtes reçus par une ministre de la République et vous ne parvenez même pas à fournir des réponses claires’ », relate la ministre.
Elle réclame que les réseaux sociaux adoptent des règles comparables à celles applicables dans l’audiovisuel. « À la télévision, si un invité profère des paroles haineuses sans être interrompu, c’est la chaîne qui est tenue responsable. Il nous faut ce même principe pour les plateformes », insiste-t-elle, en ajoutant son souhait de voir instaurer un système de « double authentification » lors de l’inscription, comprenant une vérification d’identité par carte d’identité ou carte bancaire, notamment lorsque l’accès à des contenus pornographiques est possible.
« Si vous ne réglez pas ces problèmes, les sanctions seront lancées »
« Ma démarche n’est pas morale », insiste Aurore Bergé. « Lorsque des vidéos montrent des femmes se faire frapper, gifler ou recevoir des objets comme des chaises, parfois en présence d’enfants ou de nourrissons, il ne fait aucun doute que ces images violent la loi », s’indigne la ministre issue de La République En Marche. Elle exhorte ces plateformes à faire en sorte que les influenceurs concernés « perdent toute possibilité de monétisation et donc leurs revenus dès qu’un sérieux doute pèse sur leurs contenus ».
« Faites proprement le tri, car sinon nous déclencherons des sanctions », résume-t-elle le message adressé aux géants du web. Aurore Bergé rappelle que les pénalités peuvent atteindre « 6 % du chiffre d’affaires mondial » et qu’il est envisageable de « modifier le cadre légal », notamment pour instaurer une « majorité numérique dès 15 ans ». Elle souligne que sur ce sujet, la France voit désormais de nombreux pays la rejoindre dans ses positions.