Jeudi 27 juin, Prisca Thévenot, députée Renaissance des Hauts-de-Seine, a été l’invitée politique de l’émission « La Matinale » sur 42mag.fr. Au cours de cet entretien, elle a abordé plusieurs sujets majeurs, notamment les préoccupations soulevées par Emmanuel Macron la veille à Bruxelles concernant un possible retrait de l’Iran du traité de non-prolifération nucléaire. Par ailleurs, elle a également discuté des négociations en cours autour de la réforme des retraites, en mettant en lumière les enjeux cruciaux que cette réforme représente pour le gouvernement dirigé par François Bayrou.
Lors d’une interview accordée à la journaliste Béatrice Gelot sur 42mag.fr, le vendredi 27 juin, Prisca Thévenot, députée Renaissance des Hauts-de-Seine et ancienne porte-parole du gouvernement, s’exprime à propos des inquiétudes qu’Emmanuel Macron avait évoquées la veille au sujet de l’avenir du programme nucléaire iranien, en lien avec un éventuel conflit entre l’Iran et Israël. Elle revient également sur les déclarations de François Bayrou, qui a fait un point jeudi soir sur les récentes discussions avec les partenaires sociaux concernant la réforme des retraites, un dialogue qui, bien que n’ayant pas encore débouché sur un accord, présente néanmoins « des avancées ».
Ce qui suit est une transcription partielle de l’interview vidéo ci-dessus. Pour voir l’intégralité, cliquez sur la vidéo.
Les craintes autour de l’Iran et du traité de non-prolifération nucléaire
Béatrice Gelot : Hier, à Bruxelles lors du Conseil européen, Emmanuel Macron a manifesté son inquiétude à propos d’une possible sortie de l’Iran du traité de non-prolifération nucléaire. Pensez-vous que ce scénario soit véritablement envisagé ?
Prisca Thévenot : Il est essentiel, compte tenu du contexte actuel, de rester extrêmement vigilants et prudents. Il a été clairement rappelé que si l’Iran venait à se retirer du traité, cela constituerait une dégradation grave et un affaiblissement pour tous. C’est pour cette raison que le président de la République a annoncé qu’il engagerait rapidement des échanges avec les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Nous devons continuer à faire confiance au chef de l’État, qui déploie une intense activité diplomatique en ces temps troublés, marqués par le retour de conflits majeurs sur la scène internationale. Nous avons la chance d’avoir un Président bien informé, déterminé à défendre nos intérêts mais aussi la paix dans le monde.
Réforme des retraites : un processus en cours malgré l’absence d’accord
Béatrice Gelot : François Bayrou a qualifié jeudi soir le conclave sur la réforme des retraites de ne pas aboutir à un accord mais tout de même à « des avancées ». Selon vous, cet événement représente-t-il un succès ou un échec ?
Prisca Thévenot : À mon sens, ce conclave doit être vu comme une étape sur un chemin à parcourir. À un moment où chacun pensait que le consensus était impossible sur un sujet fondamental comme celui de la protection de notre pacte social et du financement des retraites, nous observons aujourd’hui que certains reconnaissent enfin la nécessité d’y travailler, même si ce n’est pas toujours exprimé avec force dans le débat public. En 2023, notre camp a été le seul à souligner clairement l’enjeu budgétaire et démographique autour du système des retraites, et l’impératif de préserver cet héritage qui nous est cher. Ce qui est notable désormais, c’est que le dialogue social avec les partenaires sociaux se déroule de façon très différente de ce que proposent les oppositions, car il y a une véritable volonté d’avancer et d’échanger, contrairement à une posture d’obstruction que prisent ces dernières.
Béatrice Gelot : Pourtant, aucun accord concret n’a été trouvé jusqu’à présent ?
Prisca Thévenot : Des zones d’ombre demeurent, il reste encore du travail et les échanges ne sont pas interrompus. Déjà, il faut rappeler que six désaccords ont été levés notamment sur la nécessité d’atteindre un équilibre budgétaire pour assurer le financement à l’horizon 2030, ce qui était loin d’être acquis auparavant. Un consensus s’est aussi dégagé sur le principe de traiter les points sensibles liés à la pénibilité et aux carrières des femmes. La grande question désormais, c’est comment financer ces mesures.
Le rôle du Medef et des syndicats dans le dialogue sur la pénibilité et les carrières féminines
Béatrice Gelot : La pénibilité est un sujet qui bloque encore la négociation. Pensez-vous que le Medef et les syndicats pourront finalement trouver cet accord que François Bayrou appelle de ses vœux ?
Prisca Thévenot : Ce qui est encourageant, c’est qu’ils ont d’ores et déjà montré la voie en reconnaissant collectivement l’existence d’un problème de financement et l’importance d’un équilibre à atteindre, tout en admettant que certains aspects de la réforme doivent être améliorés. Cela représente un progrès très important, alors même que la classe politique n’a parfois pas réussi à en débattre aussi ouvertement. Il faut que nous continuions de croire au dialogue social. L’initiative portée par François Bayrou est tangible, et j’espère sincèrement qu’elle aboutira à un résultat concret, notamment lors des travaux budgétaires prévus en fin d’année.
Une crise politique sous-jacente à travers les motions de censure
Béatrice Gelot : François Bayrou se retrouve de plus en plus isolé politiquement et devra bientôt faire face à une motion de censure qui semble peu susceptible de passer, sauf changement d’avis du Rassemblement national. Est-ce que cela ne signifie pas que la France traverse une crise politique ?
Prisca Thévenot : La multiplication des motions de censure ou de rejet de textes de loi que nous voyons à l’Assemblée révèle que les oppositions privilégient souvent le conflit plutôt que des propositions concrètes pour les Français. Indéniablement, une crise politique existe. Comme l’a dit Gabriel Attal, notre vie politique souffre de postures de plus en plus marquées par des egos personnels. Le problème n’est pas de blâmer ceux qui veulent faire avancer les choses, mais plutôt de mettre en lumière ceux qui empêchent ces avancées pour le bénéfice des citoyens. Dans un contexte marqué par des tensions internationales, où le besoin de croissance et de richesse est crucial pour préserver notre pacte social et soutenir les plus vulnérables, certaines oppositions restent enfermées dans une logique d’obstruction et offrent aux Français comme seule perspective l’instabilité politique.
La coalition gouvernementale est-elle fragilisée par les divergences internes ?
Béatrice Gelot : Vous gouvernez avec un socle commun formé par plusieurs partis, mais on perçoit de nombreuses tensions internes. Cette alliance est-elle sur le point de se défaire ?
Prisca Thévenot : Soyons clairs : comme l’a justement souligné Gabriel Attal dans « Le Monde », ce socle commun signifie avant tout un engagement pour la stabilité politique. Au-delà de cet accord, il existe de fortes divergences sur des sujets de fond. Par exemple, nous sommes un parti clairement pro-européen, alors que certains dans Les Républicains s’en éloignent. Nous défendons aussi le progrès social, l’égalité des droits, des valeurs qui ne collent pas forcément avec ceux qui s’opposent par exemple à l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution ou à la fin des thérapies de conversion, ainsi que le mariage pour tous, comme certains leaders LR continuent de le faire en 2025.
Les tensions avec Les Républicains pourraient-elles mener à une rupture ?
Béatrice Gelot : Ces divergences peuvent-elles conduire à une rupture au sein du socle commun ?
Prisca Thévenot : Je pense que les électeurs des Républicains ont soutenu cette famille politique pour son rôle historique en tant que rempart contre le Rassemblement national. Pourtant, si aujourd’hui certains députés LR commencent à adopter les postures du RN, quelle différence reste-t-il ? Quelles raisons auront alors les Français pour les choisir plutôt que le Rassemblement national ? Ces questions sont essentielles. Hier, lors de la niche parlementaire du groupe LR, à laquelle Marine Le Pen est associée, la grande majorité des députés LR étaient absents, hormis trois qui ont voté contre la grâce de Marine Le Pen. Quand on forme une coalition pour garantir la stabilité du pays, il est également important d’être présent dans l’hémicycle. Les citoyens ne nous ont pas élus pour boycotter les débats, surtout face à des oppositions très bruyantes et radicales comme La France insoumise ou le Rassemblement national.
Vers une élection présidentielle fragmentée entre plusieurs candidats issus du socle commun
Béatrice Gelot : Dans deux ans, aura lieu l’élection présidentielle. Avec les ambitions affirmées de Bruno Retailleau chez Les Républicains, la possible candidature d’Édouard Philippe ou encore Gabriel Attal, certains réclament un candidat unique issu du socle commun. Pensez-vous que ce puisse être Bruno Retailleau ou plutôt Gabriel Attal ?
Prisca Thévenot : Je ne vais pas le cacher ni revenir sur mes positions. Suis-je en accord avec Gabriel Attal ? Oui, absolument. J’ai même été sa porte-parole quand il occupait le poste de porte-parole du gouvernement. Cela reflète des valeurs communes : le pro-européanisme, la promotion d’une politique économique assumée et tournée vers l’offre, ainsi que le soutien au progrès social et à l’égalité des droits, qui parfois sont en opposition nette avec les positions défendues par Les Républicains, notamment sur des sujets comme l’IVG, les thérapies de conversion ou le mariage pour tous. On voit donc bien que lorsque l’on évoque une alliance large rassemblant LR, Renaissance et d’autres, il faut d’abord s’interroger sur les valeurs et le projet politique commun avant de parler de simple casting électoral. Et force est de constater que nos visions sont encore très éloignées de celles incarnées par Bruno Retailleau.
Gabriel Attal, l’homme du présent et peut-être du futur
Béatrice Gelot : Gabriel Attal envisage-t-il de plus en plus sérieusement une candidature à la présidentielle de 2027 ?
Prisca Thévenot : Pour l’heure, Gabriel Attal est pleinement concentré sur l’action présente, contrairement à d’autres qui songent plus à leur avenir électoral. Son engagement est dans les faits, il ne construit pas des slogans pour 2027. Quant à moi, je le considère comme le meilleur représentant de sa génération. Il ne recule pas devant les difficultés et travaille avec détermination dès aujourd’hui, au risque de subir quelques critiques. C’est exactement ce dont nous avons besoin, tant pour affronter les défis actuels que pour préparer l’avenir.
