L’appel lancé sur les réseaux sociaux depuis plusieurs semaines en vue d’un « blocage du pays » prévu pour le 10 septembre ne se limite pas à un simple mouvement en ligne. Des rencontres en présentiel sont également organisées afin de préparer et coordonner cette mobilisation. 42mag.fr a eu l’opportunité d’assister à certaines de ces réunions.
Depuis que François Bayrou a dévoilé son plan visant à réaliser 44 milliards d’euros d’économies, incluant notamment la proposition symbolique de supprimer deux jours fériés, un blog nommé « mobilisation10septembre » a été créé. Ce site a pour but d’encourager, notamment, des actions collectives de boycott et des formes de désobéissance civile à la rentrée scolaire.
Ce mouvement qui appelle à un « arrêt complet, général et illimité du pays » ne dépend d’aucun parti politique ni d’un organisateur clairement identifiable. Officiellement, il se définit comme apolitique et indépendant des syndicats. Plusieurs groupes de discussion sur la messagerie Telegram réunissent des milliers de membres qui débattent de la stratégie de la mobilisation à venir. Plusieurs petits collectifs, nés de ces échanges en ligne, ont déjà prévu de se rencontrer physiquement. 42mag.fr a ainsi assisté le lundi 28 juillet à une réunion qui s’est tenue dans le parc des Buttes-Chaumont, à Paris.
Engagements féministes, antiracistes et antifascistes…
Une cinquantaine de personnes se rassemble en cercle sur la pelouse. Parmi elles, on trouve de jeunes individus portant des keffiehs, quelques retraités, et certains arborent des lunettes de soleil afin de rester discrets. Un participant lance à la cantonade : « Est-ce que le consensus est de rester antiguerre ? Tout le monde est à peu près d’accord là-dessus ? » Tous sont membres du groupe Telegram répondant à l’appel du 10 septembre, mais c’est leur première rencontre en chair et en os.
Au cours de ce rassemblement, on retrouve aussi bien des militants liés à la France insoumise que des membres du mouvement des « gilets jaunes ». Un grand homme aux cheveux gris y proclame : « Contre le plan d’austérité Bayrou ! ». Il précise : « Ceux présents ici peuvent dire que c’est ce qui nous met en colère, mais d’autres viendront avec d’autres revendications. »
« C’est exactement ce qui s’est produit avec les ‘gilets jaunes’. Au départ, ils s’étaient mobilisés autour du prix du carburant, de leur capacité à remplir le réservoir pour emmener les enfants à l’école. Puis, rapidement, chacun a amené ses propres préoccupations et on a vu qu’en fait, nos difficultés étaient plutôt proches. »
Un participantà 42mag.fr
Dans ce groupe, certaines voix suggèrent d’« actions simultanées pour tirer le signal d’alarme dans le métro parisien le 10 septembre ». D’autres proposent, quant à eux, des blocages ciblés, notamment des sites de production d’armement.
À la fin de la réunion, un jeune homme s’éloigne visiblement déçu. Il confie : « Je remarque que beaucoup prônent des combats liés à l’antiracisme, au féminisme, à l’antifascisme. Je trouve cela hors sujet. Nous sommes réunis pour s’opposer à Bayrou. Moi, je suis de droite, je ne le cache pas. Ce qui devait être un mouvement sans affiliation politique s’avère en fait être très orienté à gauche. » Le groupe prévoit de se retrouver de nouveau à la fin du mois d’août, mais ce jeune ne participera pas au prochain rendez-vous.