Le ministre de l’Intérieur, déterminé et sans concession, multiplie les déclarations percutantes lors d’une interview accordée au « Figaro » et diffusée vendredi. Un de ses conseillers confie qu’une « discussion approfondie » est prévue avec le Premier ministre afin de clarifier certains points. De son côté, Bruno Retailleau reste ferme sur sa position actuelle, sans intention aucune de revenir sur ses choix, gardant clairement en tête l’objectif fixé pour l’année 2027.
Dans un entretien accordé au journal Le Figaro publié le vendredi 18 juillet, le ministre de l’Intérieur prend ses distances avec le plan d’économies dévoilé par François Bayrou, qu’il juge insuffisamment audacieux. Bruno Retailleau dénonce notamment « la diplomatie des bons sentiments » souvent associée à Emmanuel Macron. Ces déclarations marquent une véritable rupture avec la discipline gouvernementale, suscitant une interrogation : combien de temps ce ministre ambitieux pourra-t-il encore conserver son poste ?
Les critiques de Bruno Retailleau à l’égard de la stratégie gouvernementale ne surprennent pas vraiment dans l’entourage du Premier ministre, mais, cette fois, le ton est plus acerbe que d’habitude. « Une explication de texte aura lieu, François Bayrou va le convoquer », confie l’un de ses contacts habituels. Ses reproches ne s’arrêtent pas là, puisqu’ils ciblent aussi Emmanuel Macron, en particulier sur la gestion du dossier Boualem Sansal et la tension actuelle avec l’Algérie. « Il est urgent de changer de ton », insiste le ministre au cours de l’entretien. « Je le porterai au président de la République lors de notre entrevue prévue la semaine prochaine. »
Une augmentation de la pression annoncée
Bruno Retailleau, chef de file des Républicains et ministre de l’Intérieur, assume ses divergences d’opinions avec certains membres du gouvernement. Il revendique également son droit à évoquer « des sujets qui ne relèvent pas uniquement de son portefeuille ». « Je refuse catégoriquement qu’on m’enchaîne les mains. Je ne reviendrai pas sur mes positions, » affirme-t-il sans ambages. Par ailleurs, il confirme ses propos récents concernant les énergies renouvelables, appelant à stopper leur financement. « Nous devons adopter une démarche moins idéologique et davantage fondée sur la raison, » explique-t-il en guise de justification.
Il y a seulement quelques semaines, le président de la République avait demandé au Premier ministre de recadrer son gouvernement. Mais un conseiller glisse avec une pointe d’ironie : « On peut dire que les résultats ne sont pas vraiment à la hauteur. » Un ministre, qui est également à la tête d’un parti politique, menant une démarche autonome au sein d’un gouvernement fragilisé : « La vraie question n’est pas si Retailleau va quitter son poste, mais quand cela arrivera, » affirme un expert proche de l’exécutif, en soulignant que le leader des LR n’envisagera une démission qu’après avoir obtenu des résultats concrets à Beauvau.
Le moment n’est donc pas encore arrivé pour lui d’afficher publiquement son départ. Mais ses ambitions sont perceptibles par tous dans l’entourage du pouvoir. « Il continuera à faire monter la pression avant de finalement quitter le gouvernement de son propre chef, » pronostique un conseiller du gouvernement. « Un jour, l’élastique finira par céder, » conclut ce conseiller, ajoutant : Bruno Retailleau en est conscient et mise sur ce point de rupture pour accélérer sa trajectoire en vue de 2027. »