Peu connu du grand public, Fabien Mandon occupe pourtant un poste de premier plan en tant qu’officier aguerri et principal conseiller militaire auprès du président de la République.
Thierry Burkhard, en poste comme chef d’état-major des armées françaises depuis 2021, transmet désormais le relais. Le général Fabien Mandon, initialement pressenti pour cette responsabilité, a été officiellement nommé à ce poste lors du Conseil des ministres du mercredi 23 juillet. Âgé de 55 ans et encore relativement discret auprès du grand public, il aura pour tâche de guider l’évolution des forces armées françaises dans un contexte international de plus en plus tendu et conflictuel. « J’accorde toute ma confiance au général Fabien Mandon pour piloter nos forces face aux défis majeurs », a écrit Emmanuel Macron sur le réseau social X. Voici trois éléments importants pour mieux comprendre ce militaire chevronné, connu sous le surnom de « Madoon », dont la carrière est déjà particulièrement riche.
Un collaborateur privilégié d’Emmanuel Macron
Avant sa récente promotion à la tête de l’état-major des armées, Fabien Mandon occupait, depuis 2023, le poste de chef d’état-major particulier du président Emmanuel Macron. Cette fonction stratégique fait de lui un intermédiaire essentiel entre le chef de l’État et les différentes composantes militaires. Il supervise une équipe composée d’adjoints issus des divers corps et services de l’armée, et entretient de nombreux échanges avec le président.
Cette proximité lui a valu de devenir l’un des plus proches conseillers du président, notamment au moment où les conseils de défense se sont intensifiés en réaction aux multiples crises internationales, qu’elles concernent la guerre en Ukraine, les tensions au Proche-Orient ou encore les dégâts provoqués par le cyclone Chido à Mayotte.
Contrairement à certains de ses prédécesseurs, Fabien Mandon adopte un style de communication plus posé, moins agressif. « Le général Mandon parle toujours avec une voix mesurée, c’est comme si on écoutait le pilote d’un Rafale qui doit garder un ton stable pour ne pas saturer ses équipements de communication. Mais quand il prend la parole, il capte l’attention », expliquait dans L’Express Stéphane Bouillon, ancien secrétaire général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN) entre 2020 et 2025.
Il se montre aussi capable d’imposer fermement ses idées, à l’image d’une note confidentielle qu’il a fait circuler début janvier sur la situation en Ukraine, sans en aviser le conseiller diplomatique Emmanuel Bonne, qui a alors menacé de démissionner. Ce fait illustre le renforcement de l’influence des conseillers militaires auprès du président, au détriment de la cellule diplomatique, dans un contexte marqué par « les crises internationales et le retour des conflits sur le continent européen », analysait Le Monde.
Un pilote chevronné avec une centaine de missions de guerre
Initialement passionné par le football et ayant même été brièvement engagé dans les équipes de jeunes de l’Olympique lyonnais, Fabien Mandon a finalement choisi en 1990 de s’engager dans l’armée de l’air. Il est devenu pilote de Mirage, son indicatif radio lui valant le surnom de « Madoon ». Son expérience opérationnelle est riche d’environ cent missions militaires, en particulier dans des zones sensibles comme le Tchad ou la République démocratique du Congo.
Son passage le plus marquant reste son engagement en 2006 sur le théâtre afghan, où il a affronté la violence du combat et la réalité de la mort. « En Afghanistan, j’ai tué. Et je sais précisément qui j’ai éliminé : des talibans. J’ai une âme de combattant », témoignait-il dans une interview accordée à L’Express le 9 juillet dernier.
« Il a apporté du soutien en armement en situation de combat et a reçu la croix de la valeur militaire », précise un pilote de chasse compagnon de route. « Ce qui le distingue, c’est sa constance d’humeur, sa sérénité impressionnante, toujours le sourire. Il possède une résilience exceptionnelle », ajoute un autre pilote de Mirage 2000 D, également camarade de vol.
Par la suite, il s’est orienté vers des responsabilités de commandement, prenant en charge la base nucléair e d’Avord dans le Cher, qui compte environ 7 000 militaires. « Être un chef, ce n’est pas afficher une agressivité maladroite. C’est faire preuve de justesse, de réflexion, savoir déléguer et être ferme quand la situation l’exige », confiait-il à L’Express. Depuis, il n’a cessé de monter en grade et d’assumer des fonctions toujours plus stratégiques.
Premier chef d’état-major issu de l’armée de l’air depuis trois décennies
Fabien Mandon est le premier officier de l’armée de l’air à accéder au poste de chef d’état-major des armées depuis le général Jean-Philippe Douin, qui l’a occupé entre 1995 et 1998. Ce choix a été perçu comme une reconnaissance importante et une forme de revanche pour l’armée de l’air, après une longue période où ce poste avait été réservé à des officiers de la marine ou de l’armée de terre.
En tant que militaire le plus haut gradé du pays, le chef d’état-major des armées est responsable du commandement des opérations militaires sous l’autorité directe du président de la République. Il établit les grandes orientations stratégiques, veille au bon fonctionnement de l’institution, assure la coordination entre les différentes branches des forces armées et supervise les services de renseignement militaire. Il joue également un rôle clé de conseil auprès du gouvernement et d’accompagnement dans les prises de décision.