À la fin de l’année 2024, des employés de Michelin ont organisé des protestations afin de s’opposer à la décision du groupe de fermer les sites de production situés à Vannes et à Cholet. Cette mobilisation, qui a fortement marqué les esprits, est racontée de façon privilégiée par José Tarantini, qui occupe le poste de délégué central CFE-CGC au sein de l’entreprise.
Le 13 novembre 2024, près de mille employés de Michelin se rassemblaient devant le siège social de la société situé à Clermont-Ferrand. Ils avaient effectué le trajet en bus depuis Vannes et Cholet, où deux des sites industriels du groupe risquaient une fermeture imminente. Sur place, dans le vacarme des pétards, un slogan revenait sans cesse : « Après cinquante ans d’exploitation, cinq minutes suffisent pour nous licencier.«
Parmi les manifestants se trouvait José Tarantini, délégué central de la CFE-CGC chez Michelin. Il se remémore l’ambiance singulière de cette journée : « On sentait la colère, mais également une forme de lassitude, presque un sentiment de fatalité. » En effet, depuis plusieurs années, les conditions sur les sites de Cholet et Vannes s’étaient dégradées et « les salariés s’étaient peu à peu résignés à une issue dramatique« , explique José Tarantini. « Ainsi, lorsque l’annonce est tombée, ce n’était pas véritablement une surprise. » Une décision pourtant très attendue qui n’a pas empêché que la colère se manifeste : « C’était une épreuve très difficile à traverser pour nos collègues.«
« Un sentiment d’engagement profond »
À l’issue des manifestations, les syndicats CFDT, Sud et CFE-CGC ont conclu en mars 2025 un accord portant sur les mesures d’accompagnement des 1 254 salariés impactés par la fermeture des sites de Cholet et Vannes. Les deux usines, quant à elles, ont définitivement cessé leur activité. « Nous avons mené les négociations, donné le maximum de nous-mêmes. En tant que représentants du personnel, nous avons tout tenté face à une direction qui disposait d’un plan rigide et qui n’a guère modifié ses décisions, » se souvient José Tarantini.
Âgé de 66 ans, José Tarantini entame sa 43e année au sein de Michelin, une carrière marquée par un engagement syndical constant. La fermeture des usines de Cholet et Vannes constituera vraisemblablement son ultime combat. « Ces mobilisations représentent de véritables épreuves, » réfléchit-il avec recul. « On ressent une responsabilité immense, car il s’agit de la vie de familles entières, de personnes dont l’existence est bouleversée. » Dans quelques mois, il prendra sa retraite, « sans le moindre regret, » confie-t-il avec un regard tourné vers son parcours : « Si c’était à refaire, je referais quasiment tout de la même manière.«