La France insoumise a déployé sur le territoire national deux itinéraires distincts pour ses caravanes populaires, partageant un but unique : atteindre les quartiers populaires situés dans les grandes agglomérations, où le taux d’abstention est particulièrement élevé, afin de mobiliser les citoyens. L’ambition est de transformer les municipalités en bastions solides capables de résister à l’avancée de l’extrême droite.
Pour La France insoumise (LFI), l’été ne rime pas avec trêve estivale. Le mouvement de gauche a inauguré ses caravanes populaires, qui consistent en deux itinéraires couvrant respectivement la moitié sud et la moitié nord de la France. Cette tournée vise les quartiers populaires des grandes agglomérations. L’objectif principal : encourager les citoyens à s’inscrire sur les listes électorales, en tenant compte d’une possible dissolution de l’Assemblée nationale, mais aussi en vue des élections municipales de 2026. À Bordeaux, dans le quartier du Grand Parc, militants et responsables politiques sillonnent les rues pour accroître leur visibilité.
Au cœur des immeubles, sous le regard étonné de certains riverains, une animation peu commune s’installe. Des petites tables, des chaises, ainsi que des banderoles affichant un message clair : « Inscrivez-vous sur les listes électorales ». « Ce sont souvent les personnes les plus éloignées des bureaux de vote qui partagent le plus nos convictions », souligne Loïc Prud’homme, député insoumis, qui galvanise son équipe avant les opérations de porte-à-porte. « Restons confiants ! La majorité du pays penche à gauche, c’est à nous d’inciter ces électeurs à s’engager. »
Un appartement au 12e étage d’un de ces grands ensembles délabrés : Geneviève ouvre la porte à Lucie Hémond, co-responsable de la campagne municipale à Bordeaux. Cette retraitée exprime son mécontentement face aux dernières annonces budgétaires du Premier ministre. « Supprimer des jours fériés, c’est absurde », déclare-t-elle sèchement. « Tout ce que nous avions acquis se fragilise peu à peu. Que peut-on y faire ? » remarque-t-elle, amère. « En tout cas, nous essayons de nous mobiliser sur ces thèmes. Car ce sont toujours les mêmes, les travailleurs, salariées comme retraitées, qui sont pénalisés », souligne Lucie Hémond. « Ce sont encore les petits qui paient les pots cassés ! », renchérit Geneviève, indignée.
Canaliser la colère pour renforcer l’engagement
C’est cette colère que la candidate aux municipales souhaite convertir en une dynamique électorale, incarnant ainsi la principale force d’opposition. « Beaucoup réagissent contre l’érosion progressive de leurs droits sociaux ; nous tentons de transformer cette exaspération en volonté d’action, que ce soit dans la rue, dans les bureaux de vote, ou par les deux moyens », raconte Lucie Hémond. Les arrêts de la caravane populaire sont, de plus, minutieusement choisis, précise Nordine Raymond, son collègue à la tête de la campagne : « Cibler l’électorat des quartiers populaires a du sens pour nous, car c’est une réserve électorale importante. Ici, dans ce quartier, vivent 11 000 personnes prêtes à s’engager, mais qui participent habituellement peu aux scrutins. »
« Lors du dernier scrutin présidentiel, le taux d’abstention était de 50 %. Pourtant, Jean-Luc Mélenchon obtenait 50 % des voix dans ce secteur. Ici, son nom fait naturellement ouvrir les portes. »
Nordine Raymond, co-responsable LFI pour les municipales à Bordeauxà 42mag.fr
Pour inciter ces abstentionnistes, qui constituent une priorité pour les insoumis, Loïc Prud’homme avance un argument clé : dans l’hypothèse où l’extrême droite l’emporterait à la prochaine présidentielle, les mairies joueraient un rôle protecteur. « Ce serait le dernier rempart capable d’atténuer les effets d’une politique xénophobe et d’extrême droite. Ce sont les élus locaux et municipaux qui pourraient exercer ce rôle tampon », insiste-t-il. Avec ce plan axé sur les quartiers populaires, le parti ambitionne ainsi de remporter plusieurs communes.