Pour parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050, la Commission européenne recommande une diminution des émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 90 % d’ici l’année 2040. Les discussions sur ce sujet reprendront mercredi 2 juillet et promettent d’être particulièrement complexes.
Bien que l’Union européenne maintienne fermement son objectif de parvenir à une neutralité carbone d’ici 2050, le parcours pour y parvenir reste sujet à des discussions animées. La Commission européenne a avancé l’idée d’établir une étape intermédiaire dès 2040, où il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 90 % par rapport à 1990. Cette proposition inclut une certaine marge de manœuvre, ou « flexibilités », pour les différents États membres, ce qui pourrait, par exemple, passer par l’acquisition de crédits carbone à l’international ou par le soutien à des projets environnementaux vertueux réalisés hors d’Europe.
Cette avancée vers la neutralité carbone ne fait néanmoins pas l’unanimité au sein des dirigeants européens. Tout en assurant que le Pacte vert européen ne sera pas remis en cause, la Commission souhaite néanmoins apporter davantage de flexibilité dans la manière de remplir les objectifs fixés. Actuellement, les cibles s’établissent à une réduction de 55 % des émissions d’ici 2030, puis une élimination totale d’ici 2050. L’étape de 2040, visant une réduction de 90 %, soulève encore de nombreuses interrogations et réticences.
Oppositions chez les plus conservateurs
Les gouvernements européens les plus conservateurs, notamment les partis de droite, jugent cet objectif trop ambitieux. Certains pays expriment publiquement leur désaccord avec les ambitions climatiques européennes, à l’image de la Hongrie dirigée par Viktor Orbán ou encore de la République tchèque, qui cherche à protéger ses industries lourdes. En Italie, sous la direction de Giorgia Meloni, une cible moins stricte est suggérée, évoquant une réduction comprise entre 80 et 85 % des émissions à l’horizon 2040.
En France, Emmanuel Macron adopte une position plus mesurée mais reste très critique quant à la méthode et au calendrier avancé par la Commission européenne. « Je suis favorable à la fixation de ces objectifs en 2040 », affirme-t-il, mais juge que la réflexion autour de ce palier intermédiaire n’en est pas encore à maturité.
« Un débat collectif à 27 »
Le président français souligne également que ces discussions ne doivent pas se tenir « en catimini ». Selon lui, « ce ne peut pas être un débat technique expédié en quelques semaines. Il doit s’agir d’un vrai débat démocratique auquel participent les 27 États membres. Dans deux ans, je ne serai plus en poste dans mon pays, mais ce serait irresponsable de ma part de laisser à mon successeur une décision prise hors du cadre collectif des 27. Cela manquerait de sérieux », insiste Emmanuel Macron.
Il est donc attendu que ce dialogue se poursuive autour des propositions dévoilées par la Commission européenne le mercredi 2 juillet. Ce sera une discussion non seulement sur les questions environnementales, mais aussi sur les enjeux énergétiques, un sujet particulièrement important pour la France qui continue de défendre son parc nucléaire décarboné. Par ailleurs, un autre aspect fondamental du débat porte sur la dimension commerciale : il s’agit d’éviter, en 2040, de voir débarquer dans l’Union européenne des produits plus polluants que ceux qu’elle autorise à produire sur son propre territoire.