Suite à sa mise en examen en comparution immédiate pour des faits de corruption et de trafic d’influence mardi, Rachida Dati a vivement critiqué les juges, qu’elle accuse de piétiner les droits fondamentaux de la défense.
« C’est un moyen supplémentaire de fragiliser l’État de droit », déplore Ludovic Friat, président de l’Union syndicale des magistrats (USM), mercredi 23 juillet sur France Culture. Après avoir été renvoyée en correctionnelle pour des faits de corruption et de trafic d’influence mardi, Rachida Dati a critiqué sur LCI une « procédure ponctuée d’incidents » et a vivement attaqué des magistrats qu’elle accuse de « piétiner » les droits de la défense.
Le problème devient selon lui « encore plus grave » lorsque « une femme politique ayant exercé la fonction de ministre de la Justice, et véritablement toujours en exercice ministériel, ternit l’image des magistrats », réagit Ludovic Friat. Car il estime que cela « donne à penser aux citoyens que les juges ne sont pas des arbitres impartiaux du processus judiciaire, mais plutôt des adversaires politiques qu’il faudrait éliminer ».
Le président de l’USM ressent une tendance selon laquelle « de façon croissante, le monde politique semble souhaiter que la justice soit confinée, presque comme si elle devait porter une camisole de force l’empêchant d’exercer pleinement son travail, surtout lorsque ce dernier dérange certains acteurs ». Il déplore également d’entendre « trop fréquemment » des propos visant à « affaiblir l’autorité de la justice » qui, rappelle-t-il, « représente un contrepoids essentiel ».
Ludovic Friat met par ailleurs en garde contre ces discours qualifiés de « dangereux », rappelant que « notre État de droit repose notamment sur le principe de séparation des pouvoirs », où « chacun des pouvoirs tend à limiter l’autre et à instaurer des règles démocratiques et républicaines définies par le Parlement », conclut-il.