Préparant la possibilité d’une prochaine dissolution de l’Assemblée nationale, le Rassemblement national procède à une sélection rigoureuse de ses candidats pour les élections législatives.
Le Rassemblement national (RN) a récemment fait appel à une société spécialisée dans la gestion de la réputation en ligne afin d’examiner les profils numériques de ses candidats potentiels pour les prochaines élections législatives, a révélé 42mag.fr vendredi 4 juillet, s’appuyant sur plusieurs sources concordantes.
À partir du 8 juillet, Emmanuel Macron aura de nouveau la possibilité de dissoudre l’Assemblée nationale, s’il le souhaite. Conscient de cette éventualité, le parti dirigé par Marine Le Pen et Jordan Bardella se prépare activement à cette perspective. Leur priorité est d’éviter à tout prix la présence de « brebis galeuses », une expression employée par Jordan Bardella lui-même pour désigner d’anciens candidats épinglés lors de l’été précédent, à cause de propos racistes, antisémites ou homophobes, généralement diffusés sur les réseaux sociaux.
Analyse approfondie de 300 profils
Le RN collabore désormais avec cette entreprise pour mettre en œuvre ce que l’on nomme le « renseignement de source ouverte ». Cette méthode, couramment utilisée par des cabinets de recrutement, consiste à enquêter sur l’historique numérique d’un individu ciblé. Le parti ambitionne ainsi de dénicher toute photographie, vidéo ou publication compromettante susceptible d’être remontée à la surface sur internet.
Chaque candidat envisagé pour une investiture fait l’objet d’une vérification minutieuse, à travers plusieurs filtres : propos à connotation raciste, homophobe ou antisémite, mais également opinions exprimées sur le conflit israélo-palestinien ou sur la Russie et Vladimir Poutine. Jusqu’à présent, environ 300 dossiers ont été passés au peigne fin et, selon un responsable proche du parti, seuls « quelques cas problématiques » ont été détectés à ce stade.
Une mobilisation financière importante
D’après les renseignements obtenus par 42mag.fr, le recours à une telle société de veille numérique représente un investissement conséquent pour le Rassemblement national. « On met le paquet », confie un conseiller de Jordan Bardella. Le coût d’une seule analyse pour un candidat s’élève à plusieurs centaines d’euros. Or, le nombre total de candidats à investir est fixé à 577.
Les députés sortants seront également soumis aux mêmes contrôles rigoureux que les nouveaux postulants en cas de dissolution et d’élections anticipées, explique une personne habituée aux réunions stratégiques du parti. Cette dernière confie en avoir « assez » de voir tout le travail réalisé en interne pour assainir l’image du RN se faire « anéantir à chaque nouvelle affaire médiatisée ». Afin de parer à toute surprise, les profils numériques de tous les candidats seront réexaminés régulièrement jusqu’à la tenue des prochaines législatives, peu importe leur calendrier.
Si ces démarches s’avéraient insuffisantes, un proche de Jordan Bardella souligne que chaque postulant doit également passer un entretien comprenant des « questions pièges ». « Mais le risque zéro n’existe pas », reconnait un porte-parole du parti, en rappelant : « Nous avons affaire à des êtres humains, après tout ! »