Cette impulsion est née en réaction au budget présenté par le Premier ministre et a d’abord vu le jour sur les réseaux sociaux. Des formations politiques, à l’image de La France insoumise (LFI), se sont rapidement emparées de ce mouvement et en assurent désormais la continuité. En revanche, du côté des syndicats, la question des prochaines actions reste encore à définir.
Le projet budgétaire défendu par François Bayrou ne cesse d’attiser les rancœurs. L’appel citoyen visant à bloquer le pays le 10 septembre bénéficie désormais d’un soutien officiel d’un parti politique: la France insoumise. À l’origine, cet appel s’est propagé sur les réseaux sociaux il y a plusieurs semaines. Né sur Internet, ce mouvement a d’abord été porté et popularisé par des souverainistes qui plaident pour une sortie de l’Union européenne.
Aujourd’hui, il réunit des internautes aux opinions politiques très variées, allant de l’extrême droite à l’extrême gauche, unies par leur opposition aux coupes budgétaires et à la suppression des deux jours fériés envisagée par le gouvernement. Cette mobilisation rappelle celle des gilets jaunes en 2018. D’ailleurs, certains anciens leaders du mouvement ont rapidement relayé l’initiative, avant que Jean-Luc Mélenchon et plusieurs responsables de LFI ne s’en saisissent.
Les syndicats restent en retrait
Les syndicats ne prennent pas part au mouvement. Ils ont certes exprimé leur opposition au projet de budget que François Bayrou doit présenter à la rentrée. Fin juillet, ils ont lancé ensemble une pétition en ligne dénonçant les sacrifices imposés au monde du travail, et cette pétition a réuni environ 330 000 signatures. Dans un communiqué commun publié il y a une dizaine de jours, ils indiquent aussi qu’ils vont étudier les moyens de réagir pour contrer ce nouvel épisode de brutalité envers la société et le monde du travail. Mais ils n’ont pas encore décidé des actions à mettre en œuvre. Vont-ils privilégier une manifestation, un appel à la grève, et surtout faut-il agir de concert ou séparément ? Pour l’instant, ils prévoient seulement de se réunir le 1er septembre, en intersyndicale, s’exposant au risque d’être débordés, comme cela avait été le cas lors du mouvement des gilets jaunes.
De plus, tous ne seront pas nécessairement d’accord sur les mesures à prendre à la rentrée. Certains syndicats, comme la CGT ou FO, n’ont pas attendu la réunion de septembre pour déposer des préavis de grève, notamment dans les fédérations les plus dures telles que CGT Énergie ou CGT Chimie.
Mais quelle sera la position de la CFDT, premier syndicat français, adepte du dialogue social ? Elle organise une université d’été le 26 août à laquelle François Bayrou est invité. Le Premier ministre, qui cherche à tout prix à démontrer son attachement au dialogue social, s’y rendra. À cette occasion, la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, doit aussi participer à une table ronde. Autant dire que la convergence des luttes entre le mouvement syndical, le politique et les civils, que rêve d’abord le leader de la France insoumise depuis longtemps, est, à ce stade, loin d’être acquise.