Présent dans l’émission « La Matinale » mercredi 30 juillet, Yoann Gillet, député RN du Gard et également porte-parole du Rassemblement national, a une nouvelle fois souligné l’avertissement formulé par son parti suite à l’annonce des réductions budgétaires sévères programmées par François Bayrou pour l’année 2026.
À l’occasion du dernier Conseil des ministres avant la pause estivale, mercredi 30 juillet, Alexandre Peyrout reçoit dans « La Matinale » Yoann Gillet, député du Gard et porte-parole du Rassemblement national. Ce dernier évoque la possibilité qu’une motion de censure, déposée à la rentrée, fasse chavirer le gouvernement dirigé par François Bayrou.
Ce texte est une retranscription partielle de l’interview présentée ci-dessus. Pour voir l’intégralité de la conversation, cliquez sur la vidéo.
Alexandre Peyrout : Le Conseil des ministres de cet après-midi sera le dernier avant les vacances. Ces ministres risquent-ils de perdre leur poste à la rentrée ?
Yoann Gillet : Nous avons été très explicites. Nous déposerons une motion de censure si le gouvernement engage une nouvelle hausse des impôts ou demande davantage d’efforts aux Français alors que l’État ne réduit pas ses propres dépenses. Avec Marine Le Pen et Jordan Bardella, nous répétons depuis longtemps que l’État doit impérativement se restreindre financièrement. Il est possible de réaliser des économies significatives en réformant en profondeur les agences gouvernementales, dont le coût total avoisine 80 milliards d’euros, alors qu’une grande partie d’entre elles ne fonctionne pas efficacement. Des économies peuvent aussi être faites en limitant les dépenses liées à l’immigration, un sujet que les Français souhaitent voir traité. L’immigration représente en effet un coût très élevé, et dès 2026, nous pourrions réaliser jusqu’à 18 milliards d’euros d’économies à ce titre. Par ailleurs, la contribution que la France verse à l’Union européenne ne cesse d’augmenter : des milliards d’euros pourraient là aussi être économisés. Avant d’exiger encore plus d’efforts aux travailleurs ou aux retraités, nous demandons à François Bayrou et au gouvernement de montrer l’exemple en se serrant la ceinture.
« Nous utiliserons la motion de censure pour défendre les Français »
Vous mentionnez les économies à réaliser, notamment dans la santé, mais cette année blanche pourrait mécaniquement engendrer une hausse d’impôts pour certains citoyens. Pourquoi chercher à éluder cette réalité ? Allez-vous vraiment franchir le pas et censurer le gouvernement ou non ?
Nous déposerons une motion de censure si François Bayrou persiste dans ses mesures que nous jugeons injustes.
Votre objectif est-il de faire pression sur lui pour qu’il change de cap ?
En décembre 2024, nous avons censuré Michel Barnier pour protéger les intérêts des Français. Cela nous a permis de remettre à jour l’indexation des pensions de retraite et d’empêcher l’augmentation du prix de l’électricité. Nous avons donc l’intention d’utiliser cette arme institutionnelle pour défendre les citoyens. Mais si François Bayrou revient à la raison, nous serons alors prêts à travailler sérieusement avec lui. Ce que nous voulons vraiment, ce sont des réformes structurelles. Quand on regarde le budget proposé par Bayrou, seulement 2 milliards d’euros d’économies sont prévues sur le train de vie de l’État, sur un total d’environ 44 milliards d’économies nécessaires. C’est très insuffisant. L’État doit sérieusement réduire ses dépenses avant de demander aux Français de faire des sacrifices.
Pourquoi ne pas être intervenus plus tôt ? François Bayrou est en place depuis huit mois, vous avez eu le temps de mesurer que sa politique ne vous convenait pas, non ?
La motion de censure est un outil politique majeur et c’est un acte fort que nous n’utilisons que lorsque c’est indispensable pour protéger les Français.
Donc jusqu’ici, ce n’était pas justifié ?
Effectivement, il n’y avait pas de mesure directe nécessitant une intervention aussi radicale. Aujourd’hui toutefois, si le gouvernement maintient son orientation budgétaire, nous franchirons le pas. D’ailleurs, les motions présentées récemment par la gauche manquaient de cohérence, car censurer un Premier ministre pour se retrouver le lendemain avec un successeur issu du même camp est illusoire. Il faut être honnête sur ce point.
Pensez-vous que la situation sera différente si vous censurez en octobre ?
Notre priorité est de protéger les Français et d’empêcher qu’ils subissent encore davantage un gouvernement qui vient puiser dans leurs ressources.
L’accord UE-USA : « un échec complet »
Les droits de douane et cet accord européen-américain ne vont certainement pas améliorer la situation. François Bayrou évoque une forme de soumission de l’Union européenne. Partagez-vous ce point de vue ?
Bien évidemment. Il est intéressant d’entendre François Bayrou dire aujourd’hui ce que le Rassemblement national affirme de manière constante depuis plusieurs années. La France est totalement dépendante de l’Union européenne, elle-même soumise aux intérêts du marché américain. C’est une vérité. Hélas, quand c’est le Rassemblement national qui le souligne, on nous accuse de mensonge. Or, maintenant, la majorité de la classe politique donne raison à Marine Le Pen.
Or, en 2016, Marine Le Pen disait que l’élection de Donald Trump représentait une opportunité pour la France. Y a-t-il eu une erreur de sa part ?
Donald Trump joue simplement son rôle, défendant les intérêts de son pays et de ses citoyens. Mon constat est que, en revanche, aucun membre du gouvernement ni même le président ne défend vraiment les intérêts français. L’Union européenne agit selon une idéologie propre mais ne soutient pas les intérêts ni de l’Europe, ni de la France. Ce nouvel accord en est l’exemple typique : c’est un fiasco total, économique et moral. Il ne profite en rien à la France, car aucune contrepartie significative n’a été négociée. Pire, il risque d’avoir des conséquences très lourdes, notamment pour nos agriculteurs, puisque ce texte ouvre le marché européen à davantage de produits américains.
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