Jeudi 31 juillet, Dieynaba Diop, députée socialiste représentant les Yvelines, a été l’invitée politique de l’émission « La Matinale ». Elle a donné sa réaction face à la colère exprimée par Emmanuel Macron après que l’Union européenne ait conclu un accord avec Donald Trump concernant les droits de douane.
Lors du dernier Conseil des ministres avant la pause estivale, qui s’est tenu le mercredi 30 juillet, Emmanuel Macron a exprimé une vive réaction face à l’accord intervenu entre Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et le président américain Donald Trump, concernant l’augmentation des taxes douanières imposées aux produits européens exportés aux États-Unis. « Nous ne susciton pas assez de crainte », a affirmé le chef de l’État. Ce point de vue fait l’objet d’un commentaire par Dieynaba Diop, députée socialiste des Yvelines, dans l’émission « La Matinale » diffusée le 31 juillet.
Ce passage reprend une partie de la transcription de l’entretien ci-dessus. Pour voir l’intégralité, cliquez sur la vidéo.
Alexandre Peyrout : “Pour être libre, il faut qu’on ait la crainte. Or, nous ne sommes pas assez redoutés.” Ces propos, c’est Emmanuel Macron qui les a tenus hier en Conseil des ministres, manifestement exaspéré suite à l’accord sur les droits de douane signé entre l’Union européenne et Donald Trump. Partagez-vous cette analyse ?
Dieynaba Diop : Je suis d’accord avec ce constat, mais je m’interroge sur les actions qu’il a menées pour empêcher un accord aussi défavorable à l’Union européenne. Ursula von der Leyen appartient aussi à la même famille politique que lui. Il y a eu des négociations, et les chefs d’État ont donné leur aval à plusieurs mesures. Nous avons peu entendu la voix de la France dans ces débats. Il est toujours facile de critiquer après coup, mais quand on est aux responsabilités, il faut aussi influencer la décision en amont. Je voudrais donc savoir ce que le président a réellement négocié, ce que son camp a défendu. On peut s’indigner aujourd’hui, mais l’action aurait dû se faire plus tôt.
« Nous n’avons cessé d’exprimer notre désaccord »
Emmanuel Macron pourrait vous renvoyer la question, étant donné que les socialistes siègent dans la coalition qui soutient Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne.
Nous ne faisons pas partie de cette coalition. Il faut distinguer le travail au niveau européen, au Parlement européen, et la politique nationale en France. Ce n’est pas simple opposition contre majorité, comme on le voit quotidiennement à l’Assemblée nationale. Les socialistes français ont clairement pris position contre cet accord. Nous avons déjà fermement critiqué l’accord avec le Mercosur. Nous ne sommes pas d’accord sur bien des points et nous l’avons dit haut et fort, notamment par l’intermédiaire de notre délégation et de députés comme Raphaël Glucksmann, Nora Mebarek ou Chloé Ridel. À chaque occasion, nous avons marqué notre refus.
Les Insoumis ont annoncé hier leur intention de déposer une motion de censure contre Ursula von der Leyen au Parlement européen. Les socialistes français envisagent-ils de la soutenir ?
Il faut rester raisonnable : déposer une motion de censure, c’est un geste symbolique important, mais quelles sont ses chances de succès ? Très faibles, voire nulles. Ce que nous prônons, c’est d’abord un dialogue avec les députés européens pour pousser l’Union à réagir. Nous avons aussi la possibilité d’interdire l’entrée de certains produits dans l’Union, ce qui constituerait une action concrète. Au-delà des motions, il est nécessaire de soumettre des propositions concrètes et d’appliquer les mesures à disposition dans le cadre des mécanismes du Parlement européen.
« Assurément, nous voterons cette motion »
En France aussi, la question des motions de censure refait surface. Hier, lors du dernier Conseil des ministres avant les vacances, que pensez-vous ? Conseillez-vous aux ministres de préparer leur départ en même temps que leurs valises ?
Je leur demande surtout de faire preuve de cohérence. En ce qui concerne le budget, il est clair que des économies doivent être réalisées, ce n’est pas un problème. Mais il faut s’interroger sur leurs sources : comme toujours, les efforts s’accumulent sur le dos des plus modestes et de ceux qui ont le plus besoin d’aide. Nous rappelons qu’il existe la taxe Zucman, qui permet de taxer les très grandes fortunes pour générer des ressources.
Vous évoquez cette taxe appliquée aux patrimoines les plus élevés.
Oui, aux patrimoines extrêmement importants, qui ont doublé ces dernières années – passant de 600 à 1 200 milliards d’euros. Je ne comprends pas pourquoi on refuse de leur demander un effort proportionné à cette augmentation.
Donnez-vous votre soutien à cette motion de censure ?
Bien entendu, nous voterons cette motion. Nous serons même parmi ses initiateurs, si jamais les efforts demandés continuent à peser uniquement sur ceux qui sont déjà fragilisés.
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