Le chef du gouvernement prévoit de se pencher attentivement sur les sujets importants qui marqueront cette rentrée promettant d’être particulièrement intense. Il a également informé ses membres du cabinet qu’il était indispensable qu’ils restent disponibles et réactifs en permanence.
« Cela fait maintenant un an que je n’ai pas eu de vacances », confie une membre du gouvernement. Cette longue période sans pause s’explique par une année politique particulièrement agitée. Depuis la dissolution, plusieurs événements se sont succédé : d’abord le gouvernement Barnier, défait en décembre, puis la formation du gouvernement Bayrou à la veille des fêtes de fin d’année. Ce dernier a été contraint d’élaborer un budget dans l’urgence et travaille désormais sur un plan d’économies de 44 milliards d’euros pour 2026, le tout dans un climat tendu marqué par les critiques de Bruno Retailleau envers le macronisme et les projets d’éoliennes, tandis que les macronistes répliquent avec vigueur. Dans ce contexte, les ministres aspirent tous à un temps de répit. « Si l’on pouvait calmer un peu les tensions durant l’été, ce serait vraiment appréciable », soupire un conseiller. Un autre abonde dans ce sens : « Les vacances feraient le plus grand bien à chacun d’entre nous. »
Pour autant, le Premier ministre ne prévoit pas de congés cet été. François Bayrou n’a jamais été un fervent adepte des vacances, même avant de prendre les rênes de Matignon. Il passera en grande partie l’été rue de Varenne pour peaufiner les derniers détails du budget. En parallèle, il s’engage à se rendre sur le terrain au moins une fois par semaine afin de rencontrer les Français actifs. Matignon a d’ailleurs lancé ce rappel officiel : « Si le Premier ministre doit contacter ses ministres pour un dossier, il n’hésitera pas à le faire. » Pas question pour les membres du gouvernement de déconnecter totalement : ils doivent rester disponibles et prêts à intervenir. En effet, diverses crises peuvent surgir au cours de l’été, qu’elles soient climatiques, sécuritaires ou d’une autre nature, et les enjeux liés au budget pourraient également leur imposer des missions pendant leurs congés.
Une rentrée sous haute tension
« Ce ne sera certainement pas une période tranquille, » tempère Matignon. Certains espoirs subsistent tout de même au sein de l’exécutif, qui mise sur l’effet apaisant des vacances – la mer, la montagne, les grillades entre amis – pour calmer les débats autour du budget. Néanmoins, rien n’est moins sûr. Sur les réseaux sociaux, une invitation à paralyser le pays le 10 septembre circule déjà, tandis que les syndicats prévoient d’affiner leurs stratégies de mobilisation à la rentrée. De leur côté, les oppositions, qui attisent le climat autour de la censure au gouvernement, se préparent aussi à sortir les griffes après la pause estivale. C’est ainsi qu’un cadre centriste conclut : « On sent que ça ne va pas être simple. »
Un ministre voit l’avenir avec un certain pessimisme : « Un jour viendra où Le Rassemblement National et le Parti Socialiste arrêteront de soutenir le gouvernement. » Mais d’autres conservent une dose d’optimisme, comme cet autre ministre persuadé que « François Bayrou est capable de se tirer de situations extrêmement complexes. » « Si son budget est adopté, alors ce sera la voie libre ! » rêve un conseiller à Matignon. Pour l’heure, alors qu’ils prennent la route des vacances, les ministres garderont forcément en tête la perspective de la rentrée, s’interrogeant sur la meilleure stratégie pour éviter une motion de censure, celle-ci signifiant pour eux des vacances prolongées, mais involontaires.