Le ministère de la Santé a adressé une lettre officielle aux ARS afin de les inciter à anticiper, si nécessaire, la création d’infrastructures capables d’accueillir des milliers de soldats blessés sur le front.
Depuis plusieurs jours, des rumeurs circulent sur les réseaux sociaux, portées par des internautes anonymes mais aussi relayées par des figures politiques d’extrême droite, à l’image de l’eurodéputé Thierry Mariani et du fondateur des Patriotes Florian Philippot. L’idée avancée est que le gouvernement français se préparerait en secret à entrer en guerre.
« Selon Mariani, la préparation du conflit se poursuit dans l’ombre, Macron voyant un ogre à nos portes. Et puis (…) en temps de guerre, on ne peut plus organiser d’élections, » analyse l’élu sur X. « La guerre est-elle vraiment à nos portes ? » » dit-il, selon Philippot, qui a aussi pris la parole sur X. Ils appuient leur démonstration en citant une lettre du ministère de la Santé, rendue publique par le Canard enchaîné, qui invite les Agences régionales de santé à se mettre en posture de recevoir des soldats blessés.
Un dispositif pour accueillir des milliers de blessés au front
Si cette lettre a bel et bien été adressée aux ARS – 42mag.fr a confirmé l’information – les conclusions tirées par les deux personnalités politiques paraissent exagérées.
Le document, consulté par l’AFP, décrit un scénario où les hôpitaux civils devraient prendre en charge environ 100 combattants blessés par jour pendant deux mois, avec des pics pouvant atteindre 250 soldats sur une période de trois jours. Le ministère demande donc aux ARS de se préparer, si nécessaire, à la mise en place de centres médicaux de transit et à des plateformes destinées à aiguiller les blessés vers les établissements les plus adaptés sur le territoire.
L’objectif n’est pas d’anticiper une guerre, mais d’élaborer un plan d’action au cas où un conflit surviendrait ou se rapprocherait, dans un contexte international marqué par les guerres en Ukraine et à Gaza.
Les hôpitaux se préparent à différents scénarios : guerre, épidémie, catastrophe naturelle
« Il est tout à fait normal que le pays anticipe les crises et leurs conséquences, cela relève de la responsabilité des administrations centrales et, heureusement, cela existe dans les pratiques publiques », a tenté d’apaiser la ministre du Travail et de la Santé sur BFMTV, mardi 26 août. « Les hôpitaux préparent en permanence des réponses à des épidémies et des flux d’accueil. Cela fait partie de l’anticipation, comme la gestion des stocks stratégiques et les dispositifs liés aux épidémies. Je n’étais pas en poste au moment du Covid, mais souvenez-vous qu’on a critiqué l’impréparation du pays à cette époque-là », a rappelé la ministre.
Joint par 42mag.fr, le cabinet du ministre de la Santé précise qu’une des missions du ministère est « d’anticiper en continu les risques et les menaces qui pourraient toucher le système de soins ». Les risques évoqués sont variés : des risques épidémiques avec l’émergence ou la réémergence de pathogènes infectieux dans un contexte de changement climatique et de mondialisation, des risques environnementaux avec l’augmentation des phénomènes climatiques extrêmes, et des risques malveillants, avec la préparation du système de santé à faire face à un flux important de victimes.
Tout cela s’inscrit dans le cadre du dispositif Orsan, lancé en 2014 et actualisé en 2024, dont l’objectif est « d’organiser la réponse du système de santé pour faire face à des situations sanitaires exceptionnelles », notamment en cas d’afflux massif de patients, comme lors de la pandémie de Covid-19 ou d’une catastrophe naturelle. Concrètement, cela se traduit par la planification des opérations si nécessaire, la formation et des exercices destinés aux professionnels de santé.