Ce dimanche, un homme âgé de soixante ans a été mis en examen pour tentative de meurtre et placé en détention provisoire, après lui avoir infligé des blessures graves au maire de Villeneuve-de-Marc, Gilles Dussault, lors de l’incident survenu mercredi.
L’affaire a suscité des réactions dans les rangs des habitants comme chez les responsables politiques. Le maire d’un village de l’Isère a été agressé violemment mercredi par un homme qui a pris la fuite, avant d’être interpellé après une cavale de trente-six heures. Après sa garde à vue, le suspect, âgé de 60 ans, a été mis en examen pour « tentatives de meurtre sur une personne dépositaire de l’autorité publique » et placé en détention provisoire, a indiqué le parquet de Grenoble, dimanche 10 août. Lors d’une conférence de presse, le procureur Étienne Manteaux a donné de nouveaux éléments sur cette violente agression. Franceinfo fait le point sur les premiers éléments de l’enquête.
Le maire a été attaqué à l’arme blanche sur la voie publique
Gilles Dussault occupe le poste de maire depuis 2014 à Villeneuve-de-Marc, commune de 1 171 habitants située entre Lyon et Grenoble. Le responsable municipal, âgé de 63 ans, était en train d’élaguer du lierre devant son domicile, en plein jour, lorsque qu’un inconnu s’est approché sans prononcer un mot et l’a frappé avec « un morceau de ferraille », perforant son poumon. Essayant de se défendre, le maire a été blessé au bras avant que son agresseur ne prenne la fuite, a relaté dimanche le parquet.
Le fils de l’édile, prévenu par une voisine, s’est rendu sur les lieux et a appelé les secours. À 16 h 48, un véhicule est arrivé en trombe sur les lieux. Les deux hommes ont réussi à esquiver sa trajectoire et la voiture a percuté un mur. Le conducteur est sorti du véhicule et est entré en contact physique avec le fils du maire avant de quitter les lieux, abandonnant sa voiture sur place.
Le suspect a été arrêté sans résistance, après s’être caché dans les bois
Alertés vers 17 heures, les gendarmes ont mobilisé « immédiatement de gros moyens », selon le procureur de Grenoble, mais n’ont pas réussi à localiser le fuyard dans la soirée. La section de recherche de Grenoble a été envoyée sur le terrain dès le lendemain matin.
D’après les gendarmes, l’auteur s’est dissimulé dans les bois en s’équipant préalablement d’une tenue évoquant un uniforme de type « commando ». Repéré par une habitante d’un village voisin, il a été incarcéré sans opposer de résistance, trente-six heures après les faits, vendredi à 11 h 30, dans des bois situés sur la commune de Charantonnay, à environ 14 kilomètres des lieux de l’agression. Il n’était pas armé et n’a adopté aucune attitude d’opposition lors de son interpellation sur la voie publique, selon un communiqué du parquet de Grenoble.
Le suspect reconnaît les coups, mais nie l’intention de tuer
L’homme de 60 ans, résidant à Villeneuve-de-Marc, n’a jamais été condamné auparavant. Au cours de ses auditions, il a déclaré avoir « pété un plomb » après un différend avec la mairie lié à l’effondrement du toit d’un bâtiment communal sur son abri de jardin en 2022. Le différend « s’est enkysté » et aurait, selon lui, provoqué un sentiment d’injustice, a expliqué le procureur.
Selon les éléments, le suspect présente un « vécu persécutif », avec une tendance à réinterpréter ce qu’il vit. Il se dit convaincu que le maire exerçait une « surveillance » sur lui et aurait voulu « racheter » son terrain. Chez lui, deux couteaux ont été retrouvés sous son oreiller, qu’il explique par une volonté de « se défendre », affirmant que sa sœur, décédée en avril, aurait été « assassinée ». Il aurait aussi estimé que le maire l’avait regardé juste avant l’acte « avec un sourire sadique ». « C’est l’accumulation des choses qui m’a fait péter un plomb », a-t-il confié aux enquêteurs, admettant avoir pris une pièce de ferraille dans son atelier avant d’aller frapper le maire. Le procureur précise qu’il est « conscient » de ce qu’il a fait et nie toute intention de viser un organe vital ou de tuer. S’il est revenu avec sa voiture peu après, c’était « pour voir ce qu’il avait fait », assurant que le maire et son fils s’étaient « jetés » sur son véhicule, a ajouté Étienne Manteaux. Le parquet a requis la mise en examen du suspect pour « double tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique » et « tentative de meurtre » sur le fils du maire.
La victime, hospitalisée, est tirée d’affaire
Gilles Dussault a été hospitalisé en urgence absolue à Lyon mercredi soir. Son pronostic vital était engagé puis stabilisé jeudi. Il souffrait de « trois plaies, dont deux au thorax et une plaie défensive », et a pu répondre aux enquêteurs sur les faits décrits par les premiers témoins, a précisé le parquet de Vienne vendredi. Ses blessures lui valent une incapacité temporaire de travail de quinze jours. Dimanche, le procureur de Grenoble a confirmé que ses jours n’étaient plus en danger et que son éventuelle sortie de l’hôpital pouvait intervenir dans les prochains jours.
Le fils du maire a, pour sa part, été hospitalisé mercredi soir à Vienne en urgence relative. Il souffre de blessures moins graves, essentiellement des griffures et des brûlures, a précisé le magistrat, indiquant treize jours d’incapacité de travail à son sujet.
De nombreuses réactions politiques
Cette agression a déclenché un véritable écho chez de nombreux responsables politiques, y compris au plus haut sommet de l’État. « Quand un élu est attaqué, la Nation est à ses côtés. Quand on s’attaque à ses représentants, la République se doit d’être sévère et intraitable », a déclaré Emmanuel Macron, mercredi, sur X.
Aussi sur X, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a fermement condamné « l’attaque violente de Gilles Dussault ». « Le degré de violence de cet acte, qui s’ajoute aux nombreuses agressions d’élus au quotidien, doit conduire les pouvoirs publics et les citoyens à réagir immédiatement », a-t-il ajouté, selon un communiqué de l’Association des maires de France.