Les Albanais ont ainsi pu apercevoir le visage de leur nouvelle ministre en charge des Marchés publics : une femme vêtue d’un costume traditionnel, conçue par une intelligence artificielle. Il s’agit d’une première mondiale et cela n’a rien d’imaginaire.
Le présent texte constitue un extrait de la retranscription du reportage cité ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour le visionner dans son intégralité.
C’est une première mondiale au Parlement albanais : devant l’Assemblée, une ministre sans salaire ni véhicule de fonction, entièrement virtuelle et générée par intelligence artificielle, expose son programme sur un écran face à un public qui demeure prudent. « Chers députés de l’opposition, considérez ma fonction plutôt que mes origines; ne me jugez pas sur ce que je suis, mais sur ce que je fais », a déclaré la nouvelle ministre des Marchés publics.
Face à une opposition déjà rétive à l’idée d’un gouvernement constitué autrement, les arguments de cette ministre numérique n’ont guère convaincu. Diella, c’est ainsi qu’on la nomme, avait été, depuis janvier, une assistante virtuelle sur le portail des services publics albanais. Habillée d’un costume traditionnel, elle avait enregistré près d’un million d’échanges avec les usagers. « Mes réponses sont rapides et pertinentes, mais elles ne constituent pas des avis officiels », précise-t-elle lorsqu’on interroge le service.
Un outil concret dans la lutte anti-corruption
Son avancement éclair au sein du gouvernement doit sans doute à la décision du Premier ministre, Edi Rama, visiblement fier de ce coup médiatique. Il confie à sa nouvelle ministre des Marchés publics la mission de combattre la corruption qui gangrène le pays grâce à cette intelligence artificielle considérée comme impartiale. « Grâce à Diella, nous visons à faire de l’Albanie un pays où les appels d’offres publics seraient entièrement à l’abri de toute corruption », a-t-il affirmé.
Le chef de l’opposition, Sali Berisha, lui-même accusé de malversations, accueille ce dispositif avec scepticisme: « Le véritable objectif est autre que de lutter contre la corruption. On attire surtout l’attention. Qui va superviser Diella ? », se demande-t-il. L’Albanie cherche à donner le bon exemple pour espérer intégrer l’Union européenne en 2030. Cette nouvelle ministre semble épargnée par certains scandales. Elle ne prend jamais de congé et refuse systématiquement les pots-de-vin.