Ce vendredi 5 septembre, Frédéric Dabi, qui occupe le poste de directeur général au sein de l’Institut IFOP, était l’invité de l’émission « 10 minutes info » diffusée sur 42mag.fr. D’après lui, même si les Français se montrent méfiants envers François Bayrou, ils placent désormais la question de la dette comme un enjeu majeur, peut-être plus que jamais.
Djamel Mazi : Le jeudi 4 septembre sur France 2, François Bayrou a affirmé ne ressentir aucun regret d’avoir sollicité ce vote de confiance. Peut-on dire qu’il a lui-même accéléré une crise politique ?
Frédéric Dabi : Dès l’annonce, j’avais évoqué ce que l’on pourrait appeler un véritable « harakiri » politique. Initier une demande de confiance face à des oppositions aussi agressives et radicalisées relevait d’une mission pratiquement impossible. On a assisté à une sorte de tournée d’adieux. Il a réitéré ses leitmotivs habituels — le poids de la dette et le pronostic de la nation en jeu — et cela a renforcé chez les Français l’idée que le constat est au premier plan: la dette constitue désormais un enjeu majeur dans notre enquête IFOP Fiducial pour Sud Radio, qui s’intéresse chaque année aux priorités des Français. Le sentiment que la dette est une priorité a gagné environ cinq points, la plaçant presque dans le top six des sujets les plus importants. En revanche, sur les solutions proposées par Bayrou, notamment les deux jours fériés, on observe un rejet massif d’environ 85 %. Cette divergence a donc entaché l’ensemble de son programme budgétaire.
Ce matin sur RTL, François Bayrou a déclaré : « Ce n’est pas une tournée d’adieu. La politique ce n’est pas du spectacle. »
Il n’a pas tort. La politique ne doit pas être vue comme du divertissement. Les Français vivent mal depuis le 7 juillet, date du deuxième tour, ce que j’appelle l’éclipse du politique. En l’absence d’une majorité absolue, et même sans une majorité relative vraiment nette, l’action fait défaut. Lorsque l’on interroge les Français sur François Bayrou avant les annonces du 15 juillet, ils lisent surtout l’inaction. La France reste attachée à l’idée que la politique doit changer les choses, résoudre les problèmes et faire les bons constats. Dans ce cadre, les résultats ne suivent pas, d’où des niveaux d’impopularité records. L’IFOP est le plus ancien institut de sondage français ; on peut mettre Bayrou en parallèle avec des figures comme Michel Debré ou Raymond Barre, et il apparaît comme celui qui a recueilli le plus grand nombre d’avis négatifs.
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