L’inquiétude liée à ce qui suivra Bayrou ne se limite pas aux seuls opposants. Certains ministres du gouvernement s’en inquiètent aussi, tout comme des revenants politiques qui font leur retour sur la scène.
À deux pas d’une probable chute du chef du gouvernement, plusieurs acteurs s’activent en coulisses pour prendre sa succession. François Bayrou s’apprête à demander une motion de confiance à l’Assemblée nationale, pour lundi 8 septembre, une démarche qui paraît presque vouée à échouer.
À Matignon, il y a ceux qui en parlent tout haut et ceux qui s’organisent discrètement. Commençons par le plus actif de ces dernières semaines : Gérald Darmanin. L’actuel ministre de la Justice a passé l’été à proposer des scénarios de gouvernement à Emmanuel Macron, des hypothèses d’action gouvernementale. Il l’a notamment fait lors d’un dîner, mi-août, au fort de Brégançon (lieu de villégiature des présidents français) avant que le fin stratège ne chante les louanges du PS à la rentrée, preuve que la prudence n’est jamais superflue.
Mais en coulisses, un autre ancien LR, Sébastien Lecornu, se taillent parmi les noms qui circulent. Fidèles parmi les fidèles d’Emmanuel Macron. « Bien sûr qu’il se prépare » reconnaît l’un de ses proches, tout en admettant que l’hypothèse demeure peu concrète.
L’entourage : un rôle clé
Les SMS, les coups de fil pour faire monter un nom, le faire suggérer par quelques personnalités influentes. Sans oublier ces ministres qui organisent, en catastrophe, des déjeuners avec des journalistes pour rappeler leur CV, vanter leur proximité avec les socialistes ou encore leur sens du compromis. Le ministre de l’Économie Éric Lombard est ainsi très actif depuis quelques jours.
Une véritable course de petits chevaux. Et l’on peut remarquer que certaines figures politiques, moins visibles ces derniers temps, reviennent dans les médias à l’occasion de cette rentrée. Comme Jean-Louis Borloo. « Ce n’est pas pour rien qu’il réapparaît avec des idées » affirme un ami de l’ancien ministre du Logement. Il y a aussi ceux dont le nom revient à chaque remaniement, malgré les multiples dénégations. On pense à François Baroin, maire de Troyes, éternel ex-futur Premier ministre.
Si c’est le Président qui choisit son Premier ministre, lorsque le choix est fait, tout peut encore changer. Catherine Vautrin, actuelle ministre de la Santé, en est consciente. En 2022, Emmanuel Macron lui propose Matignon, elle participe à la préparation d’un gouvernement. Jean Castex, Premier ministre sortant, lui fait même visiter ses appartements futurs, avant que le Président ne revienne sur sa décision sous la pression des macronistes. Il finira par nommer Elisabeth Borne, perçue comme moins conservatrice.
Il faut donc rester prudent face aux noms qui circulent. Ils peuvent aussi servir à être évincés. Des noms qui ne répondent pas nécessairement à la question centrale : avec quelle majorité gouverner ? Et : comment éviter d’être renversé, soit par la gauche, soit par l’extrême droite ?
Vendredi 5 septembre, à l’Élysée, Emmanuel Macron recevait Gérard Larcher à déjeuner. Le président du Sénat qui, il y a deux semaines, aurait aimé ne pas découvrir à la dernière minute, comme les ministres, la convocation du Parlement pour la déclaration de politique générale de François Bayrou. Une session extraordinaire au Sénat est évoquée pour mardi. Elle risque toutefois de ne jamais être organisée, car, sauf surprise, le gouvernement devrait tomber lundi.