À l’approche du scrutin de confiance, fixé pour lundi 8 septembre à l’Assemblée nationale et lancé par le Premier ministre François Bayrou, 42mag.fr continue d’écouter les citoyens. Des efforts budgétaires pour résorber la dette publique sont demandés, et beaucoup de Français demeurent désormais prudents dans leurs dépenses.
Dans les Yvelines, à l’ouest de Paris, la commune de Port-Marly abrite un quartier qui a longtemps été synonyme de richesse. Aujourd’hui, ses habitants se montrent plus vigilants, voire économiques, face aux efforts financiers qui se profilent. Au supermarché de Port-Marly, devant le stand de viande, Martine fait une halte : « J’ai choisi du bœuf et du veau, des produits assez onéreux, mais comme je suis seule, le ticket moyen compte moins que si j’avais une famille entière. » Globalement, les consommateurs affichent de bons revenus, à l’image de Martine, retraitée et propriétaire de son logement au Pecq, une commune voisine des Yvelines. « Je privilégie la qualité. Je me dis: fais-toi plaisir dans ce contexte incertain. Si, en fin de mois, il me manque dix euros, ce n’est pas grave, je continue de vivre », souffle-t-elle.
Arone, lui aussi fidèle à ses préférences, se laisse surtout tenter par les douceurs au rayon bonbons : « J’ai pris des Schtroumpfs et je vais prendre des Crocos; du plaisir que je peux m’offrir. » Le jeune homme de 22 ans dispose d’un salaire confortable, mais il ne dépense pas sans compter : « J’épargne pratiquement la moitié de mon salaire, car le contexte économique et politique est délicat. Il faut être prêt à faire face à des imprévus. Je fais mes comptes à la fin du mois, pour voir combien j’ai dépensé en courses, en essence et pour mes plaisirs, et je fais attention. »
« J’ai une enveloppe pour les imprévus, une autre pour des projets professionnels, et une période de vide financier. Malgré tout, je parviens à répartir chaque mois plusieurs centaines d’euros entre ces postes. »
Arone, habitant dans les Yvelinesà 42mag.fr
À la sortie des caisses, Élodie, mariée et mère de famille, confie qu’elle va désormais faire plus attention à ses dépenses, notamment en raison des inquiétudes liées aux taxes, aux impôts et à l’emploi. « C’est la rentrée en sixième, un cap important avec l’entrée au collège, donc des dépenses plus lourdes et une vigilance accrue sur les prix. » La mère précise qu’elle privilégiait autrefois la proximité du magasin, mais que, désormais, elle compare les tarifs entre plusieurs enseignes. « Nous sommes allés dans trois enseignes différentes pour les achats de rentrée, afin de trouver le meilleur prix. Par exemple, une calculatrice était nettement moins chère dans une enseigne qu’une autre; lorsqu’il y a une différence de 10 euros, ce n’est plus de l’anecdotique. »
Un pouvoir d’achat mis à mal
C chez les commerçants, l’inflation battant des records oblige à repenser leurs pratiques. Selon le directeur du supermarché, l’adaptation est nécessaire : « Nous avons modifié notre façon d’acheter. Avant, les promotions n’étaient pas notre principal levier. Désormais, nous y allons plus fort avec des réductions. Sur un an, on observe une baisse de la consommation et une montée des ventes de volaille par rapport à la viande. Autrefois, c’était l’inverse. On constate aussi une diminution des quantités vendues de biscuits. Pour les produits bio, on était de grands vendeurs, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. »
Cependant, pour Saber, les promotions ne suffisent pas à absorber la hausse d’inflation des années 2022 et 2023 : « Pour les œufs, le lait, les tomates, les légumes et la viande, les prix ont augmenté. Autrefois, mes courses à la semaine revenaient à 50 euros; aujourd’hui, je dépense entre 70 et 80 euros. » À présent, Saber n’organise plus ses pauses déjeuner comme avant à La Défense, près de Paris, où il travaille. « Je privilégie la cuisine maison et les produits bruts : c’est moins cher et plus sain, et je peux gagner au moins trente euros par rapport à manger tous les jours à l’extérieur », explique le jeune salarié qui utilise ses tickets-restaurant pour faire ses courses.
De son côté, Raphaëlle, mère de deux enfants et malgré son sens du frugalisme, a le sentiment de ne plus s’en sortir : « Maintenant, tout doit être planifié jour après jour. Tout progresse, mais le salaire lui-même reste inchangé. Je prépare les plats de la semaine et j’achète uniquement l’essentiel. » Propriétaire et salariée, cette maman demeure inquiète, surtout pour ses enfants et sa mère qui va bientôt prendre sa retraite.