Le rendez-vous politique rassemblant les diverses sensibilités de la gauche française a démarré ce vendredi, à peine quelques jours après l’arrivée de Sébastien Lecornu à Matignon, et alors qu’il n’a pas encore constitué son gouvernement.
Le week-end, la gauche se réunit en grand nombre pour la Fête de l’Humanité. Du vendredi 12 au dimanche 14 septembre, elle reprend place sur la base aérienne 217, entre Brétigny-sur-Orge et Le Plessis-Pâté, comme c’est le cas depuis 2022. Programme varié avec des concerts, des débats et des échanges politiques. Cette Fête de l’Huma survient quelques jours après la nomination de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre. Le nouveau chef du gouvernement cherche à tendre la main aux oppositions pour réussir là où François Bayrou a échoué. Quelle est l’opinion des électeurs de gauche rencontrés sur place ?
C’est l’un des rassemblements les plus politisés de l’année et pourtant, dans les allées où le Parti communiste a déployé ses stands pour ce week-end, flotte une certaine lassitude envers la politique. Fouzilla relève les yeux au ciel lorsque l’on évoque Sébastien Lecornu : « C’est une aberration ! Ce système-là a démontré qu’il ne répond pas aux besoins des Français. Il faut changer de donne. On est face à une crise de régime. Il faut accélérer le tempo, changer de disque. »
« Moi, je pense que tous les gens qui sont à la Fête de l’Huma aujourd’hui, ils sont là pour démontrer qu’il faut qu’on se bagarre et qu’on ne va rien lâcher. »
Yohann, festivalierà 42mag.fr
Cette agente de la fonction publique, originaire des Landes, est venue à la rencontre d’un ami parisien, Yohann, qui ne voit pas l’intérêt de ces nouvelles consultations organisées à Matignon. « La négociation, pour faire quoi ? » se demande-t-il. « Le gouvernement, aujourd’hui, cherche un compromis, mais ce n’est pas de la compromission. Ce sont toujours les mêmes qui trinquent. Il ne faut pas qu’on baisse les bras. Aujourd’hui, une colère monte dans le pays. Il faut que le gouvernement entende ce message. »
« Ce qu’on demande, c’est une vraie gauche »
Les forces de gauche doivent-elles négocier, ou pas, avec le nouveau Premier ministre ? Pour Quentin, 38 ans, la réponse est non aussi : « On l’a vu, le PS a essayé, je crois… Ils n’ont rien obtenu. Donc non, pour moi il faut rester sur notre ligne. On porte des idées et on sait qu’ils vont tenter de faire du jeu politique et cela ne sert à rien, c’est une blague. Moi, je privilégie plutôt une posture solide et on continue sur cette lancée », affirme-t-il.
Au stand du Lot-et-Garonne, derrière les fourneaux, Jacques est l’un des rares à penser que la gauche doit poursuivre les négociations. Mais, selon lui, l’unité doit passer avant tout. « Nous, ce qu’on réclame, c’est une vraie gauche, s’entendre et mener une politique de gauche. Mais les socialistes, dès qu’on prononce le mot communiste, ils ne veulent pas nous écouter », déplore-t-il.
Le scénario le plus douloureux serait une nouvelle dissolution, conclut Jacques : « Oh mais non, ce serait Marine Le Pen qui arriverait au pouvoir. » Le retraité se tourne vers la grande scène de la Fête de l’Huma et esquisse un sourire: « L’espoir, il est plutôt ici que du côté de Matignon. »