Le Premier ministre poursuit ses entretiens, et tant qu’aucun gouvernement n’est formé, les ministres sortants assurent les affaires courantes sans connaître la durée de cette situation.
Cette interrogation hante les administrations ministérielles : « Combien de temps va-t-on rester en affaires courantes ? » À force d’entendre dire que Matignon n’est pas soumis à la pression de l’Élysée sur le calendrier, les ministres envisagent que la période pourrait être longue. Du coup, chacun scrute le planning et se demande s’il va apparaître une fumée blanche avant la fin de la semaine prochaine, juste avant le départ du chef de l’État pour l’ONU à New York, ou bien à l’issue de la semaine suivante.
Il existe toutefois une échéance qui peut accélérer les choses : le budget doit impérativement parvenir sur le bureau des assemblées le 13 octobre, et il faudra que des ministres se présentent devant les parlementaires. En attendant, l’activité a clairement chuté dans de nombreux ministères, les conseillers tournoyant sans trouver de fil conducteur. « On s’ennuie ! », « il n’y a rien à faire ! », « c’est l’enfer ! » se répètent dans certains couloirs, même si ce n’est pas le cas partout.
Tous veulent rester
Par exemple, à la Place Beauvau, l’agitation ne s’arrête jamais. Bruno Retailleau a été particulièrement visible cette semaine grâce à la mobilisation « Bloquons tout », une manière de rappeler qu’il est bien présent et actif. Au ministère des Finances, on ne se tourne pas les pouces non plus, affirme un conseiller : « Dès que tu ouvres une porte il y a du boulot, et il y a beaucoup de portes à Bercy. » Surtout en période budgétaire, les équipes en poste dialoguent avec celles de Matignon pour avancer sans être sûrs que les ministres démissionnaires Éric Lombard et Amélie de Montchalin seront encore là pour défendre le budget.
Le nouveau Premier ministre dort d’ailleurs toujours à l’hôtel de Brienne, le siège du ministère des Armées. Sébastien Lecornu n’a pas encore totalement pris ses quartiers à Matignon et, affaires courantes oblige, c’est lui qui conserve la main sur la Défense.
La question est de savoir s’il y aura beaucoup de changements entre les périodes Bayrou et Lecornu. « Aucun de nous n’a de garantie pour la suite », souffle un ministre. « Mais ils veulent tous rester », assure un conseiller. Sébastien Lecornu a sans doute en tête les problèmes liés aux remaniements trop fréquents, d’où cette recommandation d’un cadre centriste : « Il faut garder les ministres de premier plan car ils sont opérationnels. » Mais des conseillers soulignent les limites du simple mouvement : « Lecornu comme seul changement ne fera pas une rupture aux yeux des Français. » En bref, le calvaire pour les ministres démissionnaires et leurs équipes n’est pas terminé.