À Katmandou, après deux journées d’agitation et de manifestations, les manifestants ont forcé la démission du Premier ministre Khadga Prasad Sharma Oli. Pour l’instant, il est remplacé provisoirement par Sushila Karki, qui exerçait auparavant la fonction de chef de la Cour suprême.
Ce passage provient d’un extrait de la retranscription du reportage cité ci-dessus. Lancez la vidéo pour le visionner en entier.
Des barrières de fil de fer et des militaires en poste. Après deux jours de violences, Katmandou, la capitale du Népal, demeure sous une vigilance élevée. Les forces armées encerclent toujours les accès principaux pour prévenir tout nouveau débordement. Récemment, le cessez-le-feu a été ramolli. Dans quelques quartiers, la vie reprend son cours, mais l’effroi persiste. Le Népal n’avait pas vécu une telle situation depuis l’abolition de la monarchie en 2008. « Quand j’étais étudiant, j’ai vu passer quelques émeutes, mais rien de comparable à celle d’aujourd’hui. On n’a jamais assisté à un tel niveau de violence dans notre pays », relate Achyut Thapalya, retraité.
À Katmandou, lundi 8 septembre, ce qui avait commencé comme une vaste manifestation s’est rapidement transformé en affrontement. La police a répliqué et n’a pas hésité à tirer sur les manifestants. Le dernier bilan fait état de 51 morts. La détonation des émeutes découle de l’interdiction des réseaux sociaux décrétée par les autorités. Mesure jugée inacceptable pour une jeunesse inquiète et fragilisée par la crise. « Le gouvernement a peut-être interdit les réseaux sociaux parce que la vérité était devenue trop_visible. Leurs secrets ont été révélés. Nos dirigeants ont choisi de les fermer pour se cacher », estime Sushil Bohora, étudiant.
Émergence d’un cabinet transitoire
Des bâtiments incendiés, notamment la résidence du Premier ministre et le Parlement. Les manifestants s’en sont pris à de nombreux symboles du pouvoir et à une élite qu’ils abhorrent et qu’ils jugent corrompue. « Pourquoi y a-t-il autant de colère ici ? Les médias internationaux pensent que cela est dû à l’interdiction des réseaux sociaux, mais non. Cette frustration s’accumule depuis plus de vingt ans, alimentée par la corruption. Nous en avons tous assez », souligne Safal Andolankari, étudiant.
Par la suite, les protestataires ont obtenu la démission du Premier ministre et la nomination de l’ancienne dirigeante de la Cour suprême à la tête d’un gouvernement provisoire. Des élections législatives sont prévues pour le 5 mars prochain. C’est ce que réclamaient les jeunes, rassemblés sous une même bannière. « L’important aujourd’hui, c’est que cette génération Z trouve un moyen de se rassembler et décide ensemble d’une voie à suivre acceptable », affirme le journaliste népalais Pranaya Rana. En attendant, les autorités ont rétabli l’accès aux réseaux sociaux. Une autre victoire pour la jeunesse népalaise.