Ce vendredi 5 septembre, Othman Nasrou, vice-président des Républicains pour la région Île-de-France, était l’invité politique de 42mag.fr. Au cours de l’échange, il a évoqué les intentions de son camp concernant le vote de confiance envers le gouvernement, prévu pour lundi 8 septembre. Il a précisé qu’il ne figurait pas parmi ceux qui souhaitent renverser l’exécutif.
Serge Crimino : Après Bayrou, les Républicains avancent dans un brouillard complet. Quelle ligne allez-vous adopter pour le vote de confiance ?
Othman Nasrou : Le malaise ne se limite pas à notre camp, il traverse l’ensemble du pays. Cette situation est profondément regrettable et, aujourd’hui, nous devons faire preuve de responsabilité, c’est-à-dire refuser de prendre part à ceux qui veulent renverser le gouvernement, et, en réalité, à ceux qui veulent faire tomber tout gouvernement. Si l’on observe les choses, le RN, la gauche et l’extrême gauche ont choisi l’option de l’instabilité et du désordre; ce choix ne peut pas être le nôtre. Cela ne signifie toutefois pas que nous adhérons sans réserve à l’intégralité des propositions budgétaires présentées par François Bayrou. Nous lui avons demandé, lors de son entretien avec Bruno Retailleau ainsi qu’avec nos présidents de groupes parlementaires, d’abandonner, par exemple, l’idée de supprimer deux jours fériés et de le remplacer par d’autres mesures d’économie, car c’est l’État qui doit aujourd’hui faire preuve de rigueur, et non les Français qui travaillent. Il faut instaurer un esprit de justice et un équilibre dans cette lutte – certes nécessaire – contre les déficits.
Nous parlons ici d’un vote de confiance, qui est par nature un geste de solidarité envers les membres de la majorité. On ignore pour l’instant combien de voix parmi les Républicains pourraient s’abstenir ou voter contre lors du vote de lundi. Cela dépasse le cadre du simple désordre, d’autant plus que le président du parti, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, votera en faveur de la confiance. Ce ne sera pas le cas pour l’ensemble des autres formations politiques.
On n’a pas entendu beaucoup d’autres partis, notamment du bloc central. Bruno Retailleau a été très clair: nous sommes entrés au gouvernement pour éviter que notre pays ne traverse de nouvelles difficultés. Par conséquent, nous ne pouvons pas contribuer à faire chuter le gouvernement, et je crois qu’une majorité de nos députés tranchera dans ce sens. Nous ne sommes pas une caserne. Je respecte ceux qui voient les choses autrement. Il faut les comprendre: pendant des années, nous avons alerté sur la dérive des comptes publics. Nous avons été moqué, parfois caricaturés, et aujourd’hui, on nous demande d’être solidaires d’un bilan qui ne nous appartient pas et de propositions budgétaires qui ne correspondent pas aux nôtres. Il est donc compréhensible qu’il puisse y avoir une certaine appréhension, mais, comme l’a dit Bruno Retailleau, nous devons privilégier la stabilité et la cohérence. La cohérence, c’est d’arriver à un budget en fin d’année, et la chute du gouvernement ne nous y mènerait pas.
Et vous, si vous étiez député, que feriez-vous lundi ?
Je ne suis pas député et je respecte les parlementaires qui disposent d’une marge de liberté, c’est important chez nous. Cependant, si j’étais député, je ne voterais pas la confiance mais le constat. Le constat, c’est qu’il faut trouver 44 milliards d’euros supplémentaires pour cette année, et que cet effort devra se poursuivre dans les années à venir, parce que nous supportons les conséquences d’années de laxisme budgétaire. Aujourd’hui, l’addition est là et nous sommes à un carrefour pour éviter une crise financière pour notre pays.
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