Le passage qui suit provient d’un extrait de la retranscription du reportage mentionné ci-dessus. Pour le regarder dans son intégralité, cliquez sur la vidéo.
Dans les rues de Poitiers (Vienne) ce mercredi 8 octobre, évoquer la réforme des retraites ramène inévitablement les traces des manifestations qui avaient marqué la ville en 2023. Deux ans plus tard, faut-il remettre en question la réforme pour sortir de la crise politique ? Pour certains habitants, la réponse est oui, plus que jamais. « 64 ans, c’est trop tard, car les métiers pénibles obligent les travailleurs à s’arrêter plus tôt… Mon père était maçon, il est décédé à 63 ans », affirme un homme. Une jeune femme se dit prête à envisager un compromis humainement acceptable : « Ce n’est peut-être pas une solution durable, mais en attendant, pourquoi pas. ». Mais est-ce raisonnable ? Pas sûr, juge un technicien : « Moi, j’aimerais bien partir à 60 ans si l’on pouvait, mais je sais que ce n’est pas envisageable. ».
« Ça va coûter des centaines de millions en 2026 et des milliards en 2027 »
Alors, est-ce réaliste ? Pour l’instant, le scénario envisagé n’est pas une abrogation totale de la réforme, mais sa suspension à son stade actuel. Les personnes ayant cotisé toutes leurs trimestres et nées en 1963 pourraient quitter le monde du travail à 62 ans et neuf mois, tandis que celles nées en 1964 partiraient à 63 ans. Cette option aurait tout de même un coût, rappelle le ministre de l’Économie démissionnaire, Roland Lescure, sur France Inter: « Modifier la réforme des retraites, cela va coûter des centaines de millions en 2026 et des milliards en 2027. Je suis prêt à faire des concessions. Ce que je vous dis aussi, c’est qu’elles auront un prix et qu’il faudra les financer. »
La suspension de la réforme représente un pas en direction des socialistes, mais elle crée des dissensions au sein même des macronistes. « Il ne s’agit pas de renoncer aux grandes réformes que nous avons mises en œuvre. Je rappelle toutefois que, en ce moment, nous sommes le pays européen où l’âge de départ à la retraite est le plus bas », a déclaré Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, ce matin au micro de RTL.
La droite, de son côté, a averti que suspendre la réforme serait pour elle une ligne rouge.