Luc Chatel, président de la Plateforme automobile et ancien ministre de l’Industrie, a confié à 42mag.fr que, selon lui, la mesure européenne visant à proscrire la vente des véhicules thermiques à compter de 2035 revêt un caractère « dogmatique » et « politique ».
Le secteur automobile français monte au front. Réunie mardi 4 novembre à la Cité des sciences et de l’industrie de la Villette à Paris, la Plateforme automobile (PFA), regroupant constructeurs et équipementiers, a expressément contesté la décision de l’Union européenne d’interdire la vente de véhicules thermiques à partir de 2035.
Sur 42mag.fr, son président et ancien ministre de l’Industrie, Luc Chatel, a dénoncé une décision qu’il a qualifiée de dogmatique et politique. « L’Europe a inventé l’industrie automobile à la fin du XIXᵉ siècle. Elle est leader mondial des moteurs thermiques. Elle choisit de se faire Hara-Kiri et de privilégier une technologie sur laquelle elle accuse dix ans de retard. Cherchez l’erreur ! », a-t-il déclaré.
Pour l’instant, les acheteurs ne se tournent pas vers ces véhicules
Tout en réaffirmant l’objectif du secteur en matière de décarbonation et de neutralité carbone d’ici 2050, Luc Chatel a appelé à davantage de flexibilité et de liberté technologique. Selon lui, « le sujet broi dudit moins la date que la manière d’y parvenir » et il a insisté sur le fait que « plusieurs technologies doivent permettre de réduire les émissions de CO2 ». « Pour vendre des voitures, il faut que des clients les achètent. Aujourd’hui, les clients n’achètent pas », a-t-il observé, estimant que les voitures électriques demeurent trop chères.
La France s’est alignée récemment sur l’objectif européen d’interdire la vente de voitures thermiques en 2035, à l’instar de l’Espagne. Le dirigeant de la PFA a regretté la position du gouvernement français, la jugeant « surprenante ». Selon lui, « il est extrêmement rare qu’un gouvernement prenne une décision aussi grave à l’encontre de l’ensemble de sa filière », a-t-il affirmé.
La filière craint que cet échéancier n’accélère le déclin de l’industrie automobile française. Luc Chatel a aussi alerté sur l’emploi dans le secteur. Selon une étude de la PFA, 40 000 postes ont déjà disparu depuis 2020 et 75 000 autres pourraient être perdus d’ici 2035. « Il y a le feu au lac », a-t-il conclu, appelant Bruxelles à rouvrir le débat en cours sur la flexibilité technologique au sein de la Commission européenne. « Cette discussion est en cours », a-t-il précisé.







