Sur le continent asiatique, certaines autorités publiques affichent une prudence particulière à l’égard de certains jeux vidéo. Leur préoccupation va au-delà de la durée que les jeunes consacrent à leur console et porte surtout sur les risques d’embrigadement et de recrutement par des organisations terroristes qui peuvent exploiter ces plateformes.
Plusieurs États tirent la sonnette d’alarme en évoquant une infiltration de groupes extrémistes sur des plateformes de jeux grand public, afin de recruter discrètement des jeunes qui n’auraient aucune adhérence préalable à leur doctrine. L’attention est largement portée sur Roblox, plateforme concernée par ces accusations.
Roblox réunit quotidiennement environ 70 millions de joueurs à travers le monde. Le service est gratuit et disponible aussi bien sur smartphone que sur ordinateur. En réalité, il constitue un vaste écosystème regroupant des milliers de jeux créés par les joueurs eux-mêmes. Les internautes peuvent y explorer une diversité d’univers, allant des courses automobiles aux affrontements et aux jeux de survie incluant des éléments de tir. À l’intérieur même de ces jeux, il est possible de dialoguer en direct avec les autres joueurs, soit par messages, soit par un chat vocal. Bien qu’il y ait des modérateurs et une supervision du contenu officiellement en place, tout ne peut pas être filtré en permanence.
Des organisations extrémistes se servent-elles de ces jeux pour trouver de nouvelles recrues ?
Récemment, ce mois de novembre, l’agence indonésienne chargée de la lutte antiterroriste a révélé avoir identifié 13 adolescents recrutés directement au sein de Roblox. Selon les autorités, le total des jeunes indonésiens ciblés, toutes plateformes confondues, s’élève à 110. Les enquêteurs ont également procédé à l’arrestation de cinq recruteurs adultes qui s’étaient infiltrés dans les échanges en ligne.
Parmi ces recruteurs, certains appartiendraient à des militants de Daech, d’autres à Jamaah Ansharut Daulah, un groupe terroriste islamiste qui avait mené plusieurs attaques dans les années 2010. Sur ces plateformes de jeux vidéo, les recruteurs se présentent comme des joueurs jeunes et amicaux et guident progressivement les adolescents vers des messageries privées peu surveillées, telles que Telegram. À partir de là, ils tentent de les enrôler en les inondant de propagande.
Ce type de recrutement n’a pas de frontières. La police australienne a déjà mis en garde contre les dangers de ces enrôlements sur Roblox. On a également rapporté le cas d’un enfant de 16 ans à Singapour qui avait créé son propre espace dans Roblox, y ayant reconstitué, à l’aide de personnages issus de jeux vidéo, plusieurs courts films de propagande de Daech, avec l’objectif constant d’attirer d’autres jeunes.







