Antoine Izambard et Pierre Gastineau, auteurs du livre Les espions du président, seront les invités de 42mag.fr lors de l’édition du samedi 22 novembre.
Cette section reproduit une partie de la retranscription de l’entretien ci-dessus. Pour le visionner dans son intégralité, cliquez sur la vidéo.
Les espions du président est un ouvrage d’enquête qui met en lumière le culte du secret qui entoure Emmanuel Macron, mais aussi sa relation très hiérarchisée au pouvoir et les décisions prises en comité très restreint. Les deux auteurs, Antoine Izambard, rédacteur en chef d’Intelligence Online, et Pierre Gastineau, grand reporter à Intelligence Online, étaient les invités de 42mag.fr le samedi 22 novembre.
Franceinfo : D’où tire-t‑il cette passion ? Il affectionne les services de renseignement et s’en sert plus que la moyenne.
Antoine Izambard : Il a commencé à s’intéresser à ce domaine lorsqu’il travaillait à Bercy en 2014. À cette période, l’espionnage économique était très présent, notamment en provenance de Chine et de Russie. Ce cadre a très vite émergé comme un sujet prioritaire et il a, à l’époque, mis en place un système discret pour contrer les offensives de Huawei, le conglomérat chinois des télécoms, en France. Les témoins qui se sont confiés à nous ont bien senti qu’il appréciait ce champ. À son arrivée à l’Élysée, il a immédiatement élevé l’intelligence économique au rang de priorité. C’est en partie ce qui nous a donné envie d’écrire ce livre : de nombreuses remontées, à l’Élysée, de personnes étonnées par la compétence du président.
Oui, parce que ce ne sont pas du tout les services secrets dont on peut se méfier, barbouzards, compliqués… Lui, d’abord, il a largement refondu l’organisation et il est friand, c’est‑à‑dire qu’il exige qu’on lui fasse remonter le maximum. Racontez‑nous ce que devient ce « livre rouge » qui arrive quotidiennement avec des notes des trois services, qu’il annote et sur lesquelles il formule des propositions.
Pierre Gastineau : Oui, il dispose de son bulletin quotidien du renseignement qui lui parvient par la coordination nationale du renseignement. D’autres entités, la DGSE ou les renseignements militaires, peuvent aussi transmettre leurs propres informations. C’est aussi qu’il affectionne ce domaine, car il s’y retrouve parfaitement dans sa manière de gouverner; tout est très personnalisé, tout revient directement vers lui, et dans le secteur du renseignement, les décisions se traduisent rapidement sur le terrain. Quand une décision est prise, elle se déploie quasi immédiatement et les acteurs — qu’ils soient militaires ou non — s’organisent et obéissent en interne.
Le bulletin quotidien, c’est quoi ? Qu’est‑ce qu’il contient exactement ? Qui signe ce bulletin ? Puisque les trois responsables des services se trouvent à l’hôtel de Marigny, juste à côté de l’Élysée.
Antoine Izambard : En fait, il s’agit d’un organe de coordination. Ce n’est pas les services eux‑mêmes, mais un mécanisme qui centralise les notes et qui agit comme conseiller en matière de renseignement. Il faut remonter l’ensemble des éléments, comme par exemple : « tel espion russe ou chinois, ou tel diplomate iranien repéré dans tel pays », ou bien « tel terroriste pourrait menacer la France ». On y retrouve tout l’éventail des menaces qui concernent la France, complété par des notes supplémentaires que l’on appelle bleues pour la DGSI et jaunes pour la DGSE.
Macron a reçu des notes qui revenaient vers les espions, leur demandant de préciser des lieux, et même de proposer des opérations ou des mesures d’entrave, ce qui était assez inhabituel. Les professionnels du renseignement ont l’habitude d’un président ou d’un ministre qui n’accorde pas toujours d’attention aux notes, ce qui n’était pas forcément apprécié. Cette posture faisait écho à une phrase attribuée à Jacques Chirac lorsqu’il avait nommé le premier chef de la DST : « Le renseignement, au mieux, ne sert à rien; au pire, c’est un nid à emmerdements ». De Gaulle lui‑même avait aussi exprimé une certaine méfiance.
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