Le vendredi 19 décembre, Serge Papin, ministre chargé des PME, du Commerce, de l’Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d’achat, était l’invité de l’émission Les 4 Vérités diffusée sur France 2. Il est revenu sur le report de la signature de l’accord avec le Mercosur, sur la grogne des agriculteurs et sur les enjeux économiques associés à la période des fin d’année. Le ministre a également averti des risques relatifs à la sécurité des jouets vendus sur certaines plates-formes de commerce en ligne, appelant à observer scrupuleusement les normes et le code de la consommation.
Le passage ci-dessous est extrait d’une retranscription partielle de la vidéo ci-jointe. Pour la visionner en intégralité, cliquez sur la vidéo.
Alexandre Peyrout : Avant d’entrer dans les chiffres alarmants que vous nous dévoilez ce matin au sujet de la sécurité des jouets, revenons sur une autre information nocturne : la signature de l’accord avec le Mercosur, finalement repoussée à janvier. Cette annonce est venue de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Selon vous, est-ce une bonne chose ?
Serge Papin : Si la signature est retardée, c’est tout simplement parce qu’aucun accord n’est encore stabilisé. Le chef de l’État l’a été clair : le bilan n’est pas satisfaisant. Pourquoi cela ? Parce que les fameuses « clauses miroir », c’est-à-dire le principe de réciprocité, ne sont pas garanties. On ne peut pas exiger de l’agriculture et de l’élevage français qu’ils respectent des normes environnementales strictes — interdiction de certains pesticides, des hormones ou d’un usage excessif des antibiotiques — alors que les pays du Mercosur continueraient à produire sans ces contraintes. Ces garanties sont indispensables. Or les mettre en œuvre n’est pas chose aisée : cela reviendrait à faire émerger deux types de production, l’une pour le marché intérieur, plus permissive, et l’autre destinée à l’Europe, conforme à nos standards. Pour l’instant, ces garanties ne sont pas réunies.
On a vu que ce projet d’accord a ravivé la colère des agriculteurs. Votre collègue Maud Brégeon, porte-parole du gouvernement, a déclaré que l’exécutif ne tolérerait plus aucun blocage sur les routes. Faut-il comprendre que les agriculteurs doivent rentrer rapidement chez eux ?
Non. Cela signifie surtout qu’il faut concilier plusieurs enjeux. Nous sommes à l’aube des fêtes de Noël et, en tant que ministre du Tourisme, j’ai échangé avec les responsables des stations, les maires des communes de montagne, aussi bien dans les Pyrénées que dans les Alpes. À cette période, il est naturel que les Français souhaitent partir en vacances. Derrière cela se cachent un enjeu économique majeur, mais aussi une dimension sociale pour les salariés des stations. C’est cet équilibre qu’il faut préserver.
Passons maintenant à l’étude que vous dévoilez ce matin. Les chiffres sont exclusifs et particulièrement préoccupants pour la santé des enfants. À l’approche de Noël, la DGCCRF a mené une large analyse des jouets vendus notamment sur les plateformes de commerce en ligne : 90 % d’entre eux ne respectent pas les normes et, pire encore, 60 % seraient dangereux. Une question simple : les enfants français pourront-ils jouer sereinement avec leurs cadeaux la semaine prochaine ?
Ces résultats démontrent que le modèle économique de certaines plateformes repose sur le non-respect des règles. C’est d’autant plus inquiétant lorsqu’il s’agit de jouets. Tous les produits qui ont passé les contrôles ont d’ailleurs été détruits, ce qui est une bonne chose. En revanche, pour les jouets déjà achetés, j’exhorte les parents à faire preuve d’une vigilance maximale. J’ai moi-même pu en constater : certains plastiques destinés aux enfants se révèlent friables, presque comme des chips. C’est extrêmement préoccupant.
Les enfants sont-ils réellement en danger ?
Oui, ces jouets sont classés comme dangereux. En cas d’ingestion, il existe un risque réel d’absorption de plastique toxique.
N’y a-t-il pas un problème de contrôle, quand on constate que 60 % des jouets vendus sur ces plateformes et livrés en France présentent des risques ? L’État contrôle-t-il suffisamment ce qui entre sur notre territoire ?
Il ne faut pas renvoyer la charge de la preuve sur autrui. Ce sont les plateformes qui ont l’obligation de respecter nos normes. On ne peut pas placer un douanier derrière chaque colis, pas plus qu’on ne peut déployer un agent de la DGCCRF dans chaque magasin physique. Nous sommes un État de droit, doté d’un code de la consommation clair : tout produit mis sur le marché français doit être conforme. Or, aujourd’hui, ces plateformes ne s’y conformont pas.
Pourtant, selon un rapport parlementaire publié cette semaine, seuls 82 colis sur un million en provenance d’Asie sont contrôlés à leur entrée dans l’Union européenne. N’est-ce pas insuffisant ?
Même si nous augmentions les contrôles cent fois, cela ne représenterait encore qu’environ 1 % des flux. C’est matériellement impossible. La solution se situe ailleurs : ces plateformes doivent impérativement respecter nos normes et notre code de la consommation. Et si elles ne le font pas, il faut pouvoir les suspendre. C’est aussi simple que cela.
Ce passage fait partie d’un extrait de la retranscription de la vidéo mentionnée ci-dessus. Pour la visionner en entier, cliquez sur la vidéo.







