Le débat sur la réforme des retraites entre dans sa dernière séance devant les députés
Le cinquième jour d’action nationale (hier 16 février) a vu moins de personnes manifester, mais les dirigeants syndicaux, qui mettent exceptionnellement l’accent sur l’action dans les villes moyennes plutôt qu’à Paris, affirment que le taux de participation n’était pas si important.
Au lieu de cela, ils visaient à poursuivre sur leur lancée alors qu’ils se préparaient à une nouvelle action le 7 mars, jour où les syndicats menacent de « bloquer la France » contre la réforme.
Seuls 440 000 manifestants étaient dans les rues hier, selon le ministère de l’Intérieur. Le syndicat français CGT affirme que le taux de participation était plus proche de 1,3 million.
Ces deux chiffres sont les plus bas donnés par les parties respectives depuis le début des manifestations contre le projet de loi sur la réforme des retraites le 19 janvier.
L’opposition au projet de loi se concentre principalement sur l’article sept de la loi, qui propose de relever l’âge minimum de la retraite de 62 à 64 ans.
Aujourd’hui est le dernier jour de débat sur le projet de loi à l’Assemblée nationale avant qu’il ne parte pour passer devant les sénateurs. L’article sept doit encore être discuté.
Faible taux de participation, faibles grèves
Le faible taux de participation dans les rues d’hier s’est également accompagné d’une réduction des grèves dans tous les secteurs.
Seulement 14 % des travailleurs de la SNCF se sont joints à la grève, soit la moitié de ceux qui se sont mobilisés le 7 février, dernière journée de « grève » nationale.
Dans le secteur de l’éducation, moins de 8 % des enseignants étaient en grève ; cependant, cela est en partie dû au fait que les zones scolaires A et B sont actuellement en vacances.
Le centre d’attention pour l’action n’était pas Paris, comme d’habitude, mais Albi (Tarn) dans le sud de la France, où Philippe Martinez et Laurent Berger, les dirigeants des syndicats CGT et CFDT, ont mené la marche.
La ville a été choisie en raison de ses liens avec le socialiste français Jean Jaurès mais aussi pour montrer que la colère contre la réforme se fait sentir dans toute la France et pas seulement dans les grandes villes.
Les villes moyennes ont connu de fortes manifestations tout au long des journées d’action, ce qui est rare en France, où les manifestations sont généralement centrées dans les zones urbaines.
Momentum le facteur de motivation, les chiffres « n’ont pas d’importance »
Contrairement aux autres manifestations en semaine, les syndicats n’ont pas appelé à des grèves à l’échelle de la section, mais plutôt à « une journée de mobilisation », a déclaré Patricia Drevon, secrétaire du syndicat FO. Hier n’était « pas une mesure du mouvement », a-t-elle ajouté.
« L’idée est de maintenir la mobilisation », a déclaré M. Martinez.
« C’est les vacances scolaires… il n’y a pas d’objectif de chiffres [today]», a ajouté M. Berger.
Les dirigeants syndicaux étaient également conscients de la lassitude de la grève, sachant que tant de jours d’action en peu de temps peuvent avoir un impact sur les travailleurs.
« On a des gens qui nous disent : ‘Le quatrième ou le cinquième jour de grève, c’est compliqué, je fais une pause et je recommence le 7 mars' », a déclaré Cyril Chabanier, président de la CFTC, un autre des huit principaux syndicats français.
Plan de grèves intensifiées à partir du 7 mars
L’action d’hier devrait être la dernière journée avant le 7 mars, les syndicats n’appelant pas à agir entre-temps.
Le 7 mars, cependant, s’annonce comme le début de grèves intensifiées, après une pause de près d’un mois, voyant les manifestants descendre dans les rues avec une vigueur renouvelée.
Les détails exacts ne sont pas encore connus, mais les grèves devraient toucher tous les secteurs et pourraient se transformer en grève générale, ou voir les secteurs publics déclencher des «grèves renouvelables», qui n’ont pas de date de fin définie.
La RATP et les éboueurs ont déjà annoncé des grèves reconductibles à partir du 7 mars et les organisations de jeunesse ont appelé à une journée de mobilisation dans les écoles et les universités pour le 9 mars.
Entre ces jours se tient la Journée internationale de la femme (8 mars), lorsque la grève doit également être annoncée.
Le soutien devrait être élevé avec près de 60% des personnes qui ont participé à un récent sondage disant qu’elles soutiennent l’idée d’augmenter l’action le 7 mars.
Le gouvernement est toujours convaincu que le projet de loi sera adopté après avoir fait de nouvelles concessions cette semaine sur l’âge de la retraite de ceux qui entrent plus jeunes sur le marché du travail.
Les ministres affirment que les réformes auront un impact immédiat sur les retraités.
Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a déclaré que deux millions de pensions seront réévaluées au cours de la première année suivant l’adoption de la loi, la quasi-totalité d’entre eux voyant une augmentation de leur pension.
Sur les 800 000 personnes qui partent à la retraite chaque année, « 200 000 auront une meilleure retraite avec la réforme que sans », a-t-il ajouté.