Réaliser un biopic sur soi-même peut apparaître comme une forme d’orgueil et de mégalomanie, mais il n’y a pas de meilleur moyen pour s’exprimer que de le faire soi-même. « The Fabelmans » est le témoignage d’amour de Steven Spielberg pour le cinéma. Il a choisi de mettre en lumière son parcours personnel et sa passion pour le septième art à travers cette œuvre autobiographique.
Steven Spielberg est un cas à part. Avec The Fabelmans, qui sortira sur les écrans le mercredi 22 février, il est le premier réalisateur à produire et réaliser son propre biopic. Pourrait-il aller jusqu’à l’interpréter ? The Fabelmans se concentre sur les vingt premières années de sa vie et pourrait être suivi d’un autre film, par exemple sur le tournage apocalyptique de Les Dents de la mer, son premier long métrage. Est-ce que Steven Spielberg deviendrait alors une franchise ?
Une déclaration d’amour
Sam Fabelmans est un jeune garçon de huit ans qui est ébloui par un film qu’il voit au cinéma avec ses parents. Il décide alors de devenir réalisateur et emprunte la caméra de son père, ingénieur. Encouragé par sa mère, il commence à filmer des scènes familiales et des fictions avec ses amis. Sa passion pour le cinéma grandit et prend de plus en plus de place, alors que ses parents traversent une grave crise affective qu’il découvre en les filmant à leur insu. Cette révélation bouleverse Sam et lui permet de s’émanciper en devenant réalisateur professionnel.
Steven Spielberg s’est toujours beaucoup confié à travers ses films. La cellule familiale éclatée est un thème récurrent dans Rencontres du troisième type, E. T., ou La Guerre des mondes. Le cinéaste, qui a révolutionné le genre avec Les Dents de la mer (1975), cite aussi son panthéon cinéphilique dans ses films, en tant qu’amoureux du cinéma de genre et de John Ford. La fin de The Fablemans est d’ailleurs inspirée de ce dernier, et l’ensemble du film est une déclaration d’amour de Steven Spielberg au cinéma.
Une interprétation à double-fond
Le film est le miroir de son réalisateur, du moins de ce que l’on en connaît (son biographe, Gilles Penso, vient de publier Steven avant Spielberg chez Robert Laffont). Le film est le reflet des faits réels de sa jeunesse, mais aussi de sa cinématographie. On reconnaît les lumières typiques des contes de fée, et la photo signée par Janusz Kaminski est magnifique. Le lyrisme, parfois appuyé, est aussi présent, et le suspense quasi-hitchcockien, tel que le maître du suspense l’a défini : « faire attendre au spectateur ce qu’il sait inévitable », est très bien utilisé.
Paul Dano et Michelle Williams interprètent le père et la mère de Sammy/Steven, et leur jeu à double-fond cache leur secret. Gabriel LaBelle, dans le rôle de Sammy adolescent, et Mateo Zoryon Francis-DeFord, qui interprète Sammy enfant, sont tous deux des acteurs tout juste sortis de l’œuf. The Fabelmans transmet la passion d’un jeune pour le cinéma, et c’est l’une des plus belles réussites du film.
La fiche
Genre : Biopic, Drame
Réalisateur : Steven Spielberg
Acteurs : Gabriel LaBelle, Michelle Williams, Paul Dano, Seth Rogen, Judd Hirsch
Pays : Etats-Unis
Durée : 2h31
Sortie : 22 février 2023
Distributeur : Universal International Pictures France
Synopsis :