Avant une nouvelle grève nationale contre les réformes controversées des retraites en France le 15 mars, nous examinons les perturbations auxquelles sont confrontés les voyageurs
La France s’apprête à plus de perturbations mercredi (15 mars) alors que les opposants aux réformes controversées des retraites du gouvernement – qui incluent le relèvement de l’âge minimum de la retraite de 62 à 64 ans – se mettent à nouveau en grève.
Les trains
Les trains devraient être « gravement perturbés » mercredi 15 mars, selon l’opérateur français SNCF.
Mais le ministre français des Transports, Clément Beaune, a minimisé l’impact du débrayage.
Bien qu’il ait admis qu’il y aurait des perturbations dans les trains nationaux et régionaux, ce ne serait pas aussi grave que les jours de grève précédents.
Cependant, Fabrice Michaud, secrétaire général du syndicat CGT Transports, a déclaré à 42mag.fr: « C’est un processus progressif pour amener la France à l’arrêt, et nous n’avons pas dit notre dernier mot sur la question. »
Mardi, trois TGV sur cinq, un TER sur deux et un Intercités sur trois devraient circuler.
En région parisienne, les services de la RATP fonctionnent bien qu’il y ait encore quelques perturbations, la ligne du RER D étant la plus touchée (seulement deux trains sur cinq circulent).
Grève contre la réforme des retraites : les usurpées de trafic à la SNCF et à la RATP pour ce mardi @visactu
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— France Bleu (@francebleu) 14 mars 2023
Vols
Pour mercredi 15 mars, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a de nouveau demandé aux compagnies aériennes d’annuler 20 % de leurs vols à Paris-Orly, en raison de la reprise des grèves des contrôleurs aériens.
Elle a invité « les passagers qui le peuvent, à reporter leur voyage, et à se renseigner auprès des compagnies aériennes pour connaître le statut de leur vol ».
Les voyageurs sont invités à vérifier le statut de leur vol avant de se rendre mercredi dans les aéroports français.
Toulouse et Nantes disent que l’accès à leurs aéroports pourrait être difficile mercredi.
Carburant et essence
De nombreuses raffineries sont toujours en grève, notamment les travailleurs des sites TotalEnergie, Esso-ExxonMobil et Pétroineos, dont beaucoup ont entamé des grèves renouvelables depuis la semaine dernière.
Six des sept raffineries en France sont actuellement bloquées. Il y a toujours des approvisionnements dans les 200 dépôts à travers le pays, et la plupart des stations-service ne signalent pas encore de pénuries majeures, bien qu’environ 5 à 7 % aient des stocks faibles, en particulier dans l’ouest du pays.
Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la CGT Energie, a déclaré que les travailleurs du gaz des centres de stockage de méthane et de gaz sont également en grève, avec « un nombre énorme de sites » qui devraient à nouveau faire grève en grand nombre, jusqu’au « 15 mars inclus ».
Routes
La circulation aux entrées de plusieurs villes est perturbée aujourd’hui après que des manifestants ont érigé des barrages routiers.
A Nantes, l’accès à l’aéroport est bloqué et le périphérique de la ville est bloqué. Des problèmes similaires ont également été signalés dans plusieurs villes de Bretagne, notamment Brest, Guingamp et Landernau ; ainsi que Dieppe, Penly, Le Havre et Evreux en Normandie.
Le Mans et Meysse (Sarthe et Ardèche respectivement) signalent également des problèmes.
Écoles
Le plus large maternelle et le syndicat de l’enseignement élémentaire, FSU-SNUipp, et le collège et lycée syndicat SNES-FSU, ont appelé à une nouvelle grève des membres le 15 mars.
Certains syndicats soutiennent les grèves du personnel « renouvelables (en cours) » depuis hier (13 mars).
Certains collèges et lycées ont même été bloqués par des élèves en soutien aux personnels.
La collecte des déchets
Les ramasseurs de déchets continuent de faire grève dans les villes du pays. A Paris, les poubelles débordent, tandis qu’à Nantes, les autorités ont recommandé aux ménages de ne plus laisser leurs sacs ou poubelles dehors.
La Mairie de Paris a estimé que pas moins de 5 400 tonnes de déchets n’ont pas été ramassées le seul dimanche 12 mars, et 5 600 autres tonnes sont restées non ramassées le lundi 13 mars.
Trois incinérateurs de la capitale ne fonctionnent pas, ce qui explique en partie l’accumulation de déchets.
Régis Vieceli, secrétaire général CGT du secteur des déchets et de l’assainissement de la ville de Paris, a déclaré à BFMTV : « Le mouvement a été prolongé jusqu’à mercredi. Nous sommes très déterminés à poursuivre le mouvement jusqu’à ce [pension] projet de loi est retiré.
Grève des éboueurs contre la réforme des retraites: Paris croule sous plus de 4500 tonnes d’ordures pic.twitter.com/k8JCv0DzJ4
— BFMTV (@BFMTV) 11 mars 2023
Il pourrait être demandé à la police d’intervenir pour évacuer les ordures, y compris de l’entreprise de gestion des ordures ménagères Syctom, mais l’entreprise a indiqué qu’elle n’avait pas encore franchi cette étape.
M. Beaune a accusé la maire de Paris « d’être elle-même en grève et de ne rien faire » sur la question.
Électricité
Le syndicat de l’énergie CGT-Energie a déclaré que des coupures de courant pourraient être attendues aujourd’hui (14 mars) et demain, en particulier dans les bâtiments officiels du gouvernement.
Elle a notamment indiqué avoir coupé le courant à la préfecture des Alpes-Maritimes, à Nice, ce matin.
D’autres grèves prévues ?
En plus de la «grève générale» de demain, de nombreux travailleurs ont appelé à des grèves continues et «renouvelables», y compris dans les raffineries de carburant et parmi les éboueurs. Les travailleurs des fournisseurs d’électricité et le personnel de la SNCF sont également susceptibles de poursuivre l’action en dehors des jours de grève officiels.
Les dirigeants syndicaux doivent manifester devant l’Assemblée nationale le jeudi 16 mars, a déclaré le chef du syndicat CFDT, Laurent Berger. Frédéric Souillot, de FO, a déclaré au Parisien que « des actions auraient lieu dans toutes les préfectures de tous les départements dans de nombreuses villes de France », pour coïncider avec les débats du lendemain des réunions du CMP.
Au moment d’écrire ces lignes, aucune autre date de grève nationale n’a été prévue, bien que de nombreux syndicats aient déclaré qu’ils étaient déterminés à poursuivre l’action jusqu’à ce que le gouvernement abroge ses plans de réforme.
Débat au Sénat : que se passe-t-il maintenant ?
Le Sénat devrait tenir un vote décisif jeudi 16 mars, après avoir entendu les résultats de la commission mixte paritaire (CMP) réunie à la hâte la semaine dernière.
La Première ministre Elisabeth Borne a reçu les députés et sénateurs du CMP hier après-midi, la réunion finale étant prévue demain (mercredi 15 mars) et le projet de loi qui en résulte devrait être reçu par les députés le même jour. Cette CMP se prononcera sur le projet de loi de réforme des retraites avant de le soumettre aux chambres.
Les délibérations du CMP ne seront « pas retransmises en direct », a indiqué ce matin la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet à 42mag.fr. En conséquence, 14 députés seront chargés de créer une version écrite des réunions.
Mme Braun-Pivet a déclaré: « Les travaux du CMP ne seront diffusés que par un rapport écrit qui consigne les travaux et les votes du comité ainsi que les discours prononcés. »
Ses propos interviennent après que le chef du parti socialiste lui ait demandé d’autoriser « à titre exceptionnel », la retransmission en direct de la réunion de la commission.
Et, la cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot, s’est dite opposée à une « démocratie de couloir ».
Elle, et ses collègues de LFI, se sont engagés à « utiliser tout ce que nous avons à notre disposition », en utilisant les réseaux sociaux, et des points de presse réguliers, pendant le CMP, pour « la publicité et la transparence ».
Le gouvernement se concentre désormais sur Les Républicains, en tant que parti dont les votes pourraient faire la différence pour faire passer le vote à la majorité (car le gouvernement seul ne détient pas la majorité). Le président du parti, Eric Ciotti, et le chef des sénateurs LR, Bruno Retailleau, ont tous deux appelé leurs membres à voter en faveur des réformes.
Le gouvernement a déclaré qu’il « ne veut pas utiliser [article] 49.3″, malgré les suggestions selon lesquelles il pourrait prendre cette option. C’est un article controversé qui permettrait au gouvernement de faire adopter le projet de loi sans l’accord du reste de la Chambre.
Pourtant, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a déclaré aujourd’hui que le gouvernement « travaillait sur une option : obtenir une majorité », l’ensemble du ministre des Comptes publics Gabriel Attal s’est dit hier « convaincu » qu’il serait possible d’obtenir un vote favorable.
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran et le ministre des Relations avec le Parlement ont tous deux déclaré : « Nous ne voulons pas du 49.3 ».
Le Sénat a déjà voté l’article 7 controversé de la réforme, qui stipule que l’âge minimum de la retraite devrait passer de 62 à 64 ans.
Le président Emmanuel Macron s’en est tenu aux plans jusqu’à présent, déclarant lundi : « Cette réforme est une nécessité absolue pour payer notre retraite et assurer la stabilité du pays ».
Les partis d’opposition ont également suggéré qu’ils pourraient empêcher le vote de la réforme en lançant une pétition, qui aurait besoin du soutien d’un cinquième des députés et d’un dixième des électeurs (4,87 millions) de personnes pour passer.
Valérie Rabault, députée socialiste, dit à Europe 1 que cette méthode « pourrait bloquer la mise en œuvre de la réforme jusqu’à neuf mois ».