La loi vise à empêcher une répétition du scandale P&O Ferries, qui a vu 800 employés licenciés et remplacés par du personnel d’agence moins cher
Les députés français ont voté en faveur d’une loi visant à empêcher les compagnies de ferries transmanche d’employer de la main-d’œuvre à bas prix.
C’est une réponse directe à P&O Ferries licencier 800 employés l’année dernière et en les remplaçant par du personnel d’agence moins cher.
Le syndicat RMT a affirmé que les remplaçants étaient payés 1,80 £ (2,04 €) de l’heure, bien que P&O le conteste.
La France appelle cette pratique « dumping social ».
Le député du Finistère Didier Le Gac, Aurore Bergé (députée des Yvelines) et Sébastien Jumel (député de la Seine-Maritime) ont proposé la nouvelle loi, qui a été adoptée par le parlement français mardi 28 mars.
« Aux fins de la protection des travailleurs par le versement d’un salaire décent et la préservation d’une concurrence loyale, il est proposé par la présente [law] d’instaurer le paiement d’un salaire horaire minimum en dessous duquel les travailleurs ne peuvent être rémunérés », selon le texte accompagnant la législation.
Il poursuit en précisant que l’affaire P&O « illustre le risque de dégradation des conditions sociales et de travail des travailleurs des navires, maintes fois dénoncé en France ».
L’appel de St Malo a été entendu par les députés➡️On ne peut pas continuer dans cette spirale infernale➡️Notre message est très clair ce soir➡️ma proposition de loi contre le dumping social a été votée ce soir à l’unanimité @AssembléeNat #mer #marins @ArmateursFR @HerveBerville ⚓️ pic.twitter.com/HfwSk0RRzf
— LE GAC Didier (@didierlegac) 28 mars 2023
Les députés ont également fait valoir que les actions de P&O représentaient une attaque contre la compétitivité du secteur, car d’autres entreprises sont effectivement pénalisées si elles continuent d’employer du personnel à des salaires plus élevés (et doivent donc facturer plus pour les billets ou les services).
Le texte juridique indiquait que le « scandale politique » provoqué par les actions de P&O avait conduit à l’élaboration d’une loi similaire au Royaume-Uni, qui introduirait également un salaire minimum.
Le député français Hervé Berville dit Le Monde la loi a été « une étape décisive dans la lutte contre le ‘dumping social’ ». Il avait appelé à la « protection du modèle français » contre « les actions sans scrupules et scandaleuses de certaines parties impliquées ».
Les députés ont également déclaré que les actions de P&O Ferries constituaient une décision non compétitive aux dépens de la société française Brittany Ferries.
La loi a également donné au gouvernement le droit d’imposer des sanctions administratives aux entreprises qui enfreignent les règles. Il a également interdit aux entreprises d’admettre à bord tout travailleur du navire s’il ne possède pas de certificat de secourisme valide.
M. Le Gac s’est félicité du résultat : « On dit souvent que la France tourne le dos à la mer, mais ce soir on l’a regardée de face. »
Il a qualifié la loi de « première étape essentielle » pour « sauver nos travailleurs maritimes ».