D’après les données recueillies par l’équipe d’investigation de Radio France, environ une dizaine de conseillers de McKinsey ont pris part activement, voire de manière ingérente, à la campagne électorale d’Emmanuel Macron en 2017. Une ex-collaboratrice du cabinet de consulting considère que « leur prestation aurait dû faire l’objet d’une facturation et d’une déclaration ».
Il y a quelques années, la phrase prononcée par Mathieu Maucort, alors chef de projet chez McKinsey, a irrité et vexé certains membres de l’entourage d’Emmanuel Macron : « Nous sommes venus apporter de l’intelligence à la campagne ». Une dizaine de consultants de McKinsey avaient prêté main forte à la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron en 2016. Mais les relations entre les conseillers politiques et les consultants de McKinsey ont été tendues, chacun trouvant que l’autre manquait de culture politique ou professionnelle.
Bien que les consultants de McKinsey aient été brillants et très qualifiés, certains membres de l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron les trouvaient « très intrusifs ». Malgré cela, Emmanuel Macron a toujours préféré écouter les conseils venant de l’extérieur. Florence, une ancienne cadre de McKinsey qui a accepté de rencontrer à plusieurs reprises et de parler sous couvert d’anonymat, a expliqué que les consultants de McKinsey avaient des profils très différents de ceux de la campagne. Les consultants étaient issus de grandes écoles et avaient des profils plus analytiques que conceptuels.
Les questions sur la participation de McKinsey aux campagnes présidentielles d’Emmanuel Macron en 2017 et 2022 sont actuellement en cours d’examen dans une enquête judiciaire. Cette enquête vise à déterminer si McKinsey a fourni au candidat des prestations non déclarées qui auraient dû être comptabilisées dans les comptes de campagne. Une autre enquête cherchera à savoir si McKinsey n’a pas obtenu des contrats publics de manière indue en échange de ces prestations.
Selon des témoignages recueillis, les consultants de McKinsey ont travaillé avec l’équipe d’En Marche lors de réunions en semaine et le week-end. Toutefois, il est difficile de déterminer si ces réunions ont eu lieu pendant le temps libre ou le temps de travail des consultants. Il est également difficile d’évaluer le volume de travail accompli par les consultants de McKinsey lors de la campagne.
Certains documents des MacronLeaks révèlent des échanges entre l’équipe d’En Marche et les consultants de McKinsey, dont Karim Tadjeddine, Mathieu Maucort et Jean-Christophe Pierron. Florence, l’ancienne consultante, estime que le travail accompli par McKinsey aurait dû être facturé et déclaré dans les comptes de campagne. Toutefois, McKinsey soutient qu’il n’a pas été engagé en tant qu’institution dans la campagne et que ses salariés ont le droit de s’investir à titre personnel dans la vie démocratique.
En attendant les résultats des enquêtes en cours, il est difficile de dire si McKinsey a agi de manière opportuniste ou par conviction lors de sa participation à la campagne d’Emmanuel Macron.