Suite à un onzième jour de manifestations contre la modification des retraites, la cheffe du gouvernement affirme son intention de « défendre un programme pour la nation » et appelle à la « sérénité ». Quant à lui, Emmanuel Macron critique l’utilisation de l’expression « crise démocratique » utilisée par le dirigeant de la CFDT Laurent Berger.
L’Élysée et Matignon montrent des divergences, après la 11e journée de mobilisation contre la réforme des retraites. « Le cap a été fixé par le président », répond l’Élysée à 42mag.fr le vendredi 7 avril, en réaction aux propos de sa Première ministre, Elisabeth Borne. Cette dernière a déclaré, jeudi 6 avril, devant plusieurs médias – dont 42mag.fr et France Inter – vouloir « porter un projet pour le pays », et qu’elle est convaincue « qu’il y a besoin d’apporter des réponses dans cette période difficile ».
D’après l’Élysée, le cap et les réponses ont été donnés par Emmanuel Macron lors de son interview au 13h de France 2 et TF1 le 22 mars dernier. Au cours de cette allocution, le chef de l’État avait confirmé la mise en œuvre de la réforme des retraites « avant la fin de l’année », assumant son « impopularité ».
Tension entre Emmanuel Macron et Laurent Berger
Elisabeth Borne appelle également à « l’apaisement ». « Il faudra reprendre des textes au Parlement et se rassembler », « si l’on veut apaiser, il faut reprendre le dialogue et montrer de la considération aux gens », insiste-t-elle. « S’il y a une réforme, il y aura forcément un temps de convalescence », fait savoir Matignon. Dans le journal Le Monde, la Première ministre appelle même à ce que « les syndicats ne sortent pas humiliés de cette séquence ».
Depuis la Chine où le chef de l’État est en déplacement, Emmanuel Macron a ciblé mercredi l’intersyndicale et, en particulier, la CFDT et son secrétaire général, Laurent Berger, qui a évoqué une « crise démocratique » concernant le conflit sur les retraites après une réunion à Matignon. « Qu’un président élu cherche à porter un projet sur lequel il a été élu démocratiquement, ça ne s’appelle pas une crise démocratique », a répliqué Emmanuel Macron.
« Il faut de l’apaisement, il faut du respect », répond Laurent Berger vendredi sur BFMTV et RMC, marquant son « accord » avec les propos de la Première ministre et son opposition à ceux d’Emmanuel Macron. « C’est autre chose que de mettre de l’huile sur le feu que de parler d’apaisement », juge le patron de la CFDT, tout en rappelant son désaccord concernant la réforme des retraites. « Dans la façon de débattre, avec madame Borne, on a toujours eu en face de nous quelqu’un avec qui il y avait du respect et de la franchise », assure-t-il. « Peut-être que la Première ministre a conscience qu’il se passe quelque chose dans le pays, qu’il y a un problème démocratique dans le ressenti des citoyens et qu’il vaut mieux des paroles d’apaisement que des paroles qui stigmatisent », analyse Laurent Berger. Mercredi soir, sur la même chaîne, il avait invité le président à « garder ses nerfs » s’il ne voulait pas prendre le risque de « se mettre à dos l’ensemble des organisations syndicales ».







