Les élections européennes auront lieu l’année prochaine, et la situation est incertaine pour la droite française. Les députés européens LR pourraient se voir évincés du Parlement de Bruxelles. Le point politique de Jean-Rémi Baudot.
Il existe un chiffre qui effraie la droite : 5%. C’est le pourcentage minimum qu’une liste doit obtenir pour avoir des sièges lors des élections européennes. Un objectif que la future liste Les Républicains n’est pas certaine d’atteindre en 2024. Pour mémoire, les LR connaissent une chute électorale impressionnante : 8,4% lors des élections européennes de 2019, 4,8% à l’élection présidentielle de 2022… Et les tensions internes ne prédisent rien de bon pour les résultats à venir des Républicains.
« Eric Ciotti est tout à fait conscient du risque d’être en dessous des 5% », confie l’un des vice-présidents du parti, ajoutant : « La vraie question, c’est la liste, elle doit être séduisante ». En coulisses, l’actuel au poste, François-Xavier Bellamy, semble vouloir rester en tête de liste, mais qui l’accompagnera?
Nadine Morano, courtisée par le Rassemblement National
Certains LR historiques à Bruxelles s’apprêtent à quitter le navire. Arnaud Danjean ne compte pas se représenter. Agnès Evren songe aux sénatoriales à Paris, moins périlleuses. Et parmi ceux qui restent, certains sont courtisés par le Rassemblement National, comme Nadine Morano. « Je ne sais pas si elle franchira le pas », confie une source proche de Marine Le Pen, mais Nadine Morano fait partie de ceux que Jordan Bardella appelle « les patriotes sincères de LR ».
« Elle rêve d’être numéro 2 sur une liste », dit l’eurodéputé RN Thierry Mariani, qui raconte que les discussions se poursuivent depuis des mois. Au restaurant des eurodéputés, la table du groupe PPE (où siège la droite) n’est pas loin de celle du groupe ID (où siège l’extrême droite).
Un « moment de vérité » selon Pradié
Pour Les Républicains, qui se revendiquent de la « droite pro-européenne », une disparition de la scène européenne serait catastrophique. Si cette hypothèse semble de plus en plus probable, c’est parce que l’espace politique des Républicains est de plus en plus réduit. En interne, beaucoup estiment qu’un échec aux Européennes achèverait le parti. Le LR Aurélien Pradié parle d’un « moment de vérité ». « Il faut un électrochoc brutal pour qu’on se réinvente », plaide le député du Lot. Cet électrochoc pourrait être ce fameux seuil de 5%.
En attendant, de La République En Marche au RN, on se réjouit de la situation. « Ça nous laisse de la place », se dit-on même au Rassemblement National, qui espère, comme en 2019, arriver en tête devant la liste Renaissance.