Les hôpitaux ont été contraints de fermer des lits et des services après qu’une nouvelle loi a plafonné le salaire du personnel suppléant
Le personnel de santé en France dit craindre que ses hôpitaux aient du mal à trouver suffisamment de personnel cet été et pourraient devoir fermer des lits, en raison d’une nouvelle loi qui plafonne les salaires du personnel suppléant.
La loi Rist (Loi Rist), entré en vigueur début avril, plafonne les salaires des intérimaires à 1 390 € brut par poste de 24 heures.
Il vise à aider les hôpitaux à gérer la rémunération du personnel suppléant, à un moment où les budgets sont déjà tendus. Il vise également à éviter que le personnel suppléant ne reçoive des salaires beaucoup plus élevés que le personnel permanent pour les mêmes heures.
Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France, dit 42mag.fr que le personnel suppléant peut coûter aux hôpitaux publics jusqu’à 2 milliards d’euros par an.
« Les équipes souffrent »
Mais certains disent qu’imposer cette limite a déstabilisé les hôpitaux, au moment où ils souffrent déjà de pénuries de personnel suite à la crise du Covid-19. En effet, les hôpitaux comptent sur le personnel de remplacement pour maintenir les services ouverts en tout temps.
Certains hôpitaux, notamment les établissements de taille moyenne et plus ruraux, en dépendent plus que d’autres.
Les hôpitaux de l’agglomération de Cognac, par exemple, comptent 50 suppléants et 67 permanents. A l’opposé, le CHU de Rennes n’emploie que 0,6 % de suppléants.
Jérôme Goeminne, président du syndicat de la direction de la santé publique le Syndicat des managers publics de santé (SMPS), a déclaré : « Les équipes de direction souffrent, en même temps que les équipes médicales et les personnels soignants ».
Il a indiqué que 20 % des hôpitaux ont déjà dû fermer des lits ou des services en raison des pénuries, notamment les maternités de Sedan (Ardennes), Sarlat (Dordogne) et Guingamp (Côtes-d’Armor).
De même, le syndicat des médecins suppléants le Syndicat national des médecins remplaçants des hôpitaux (SNMRH) précise que 389 établissements ont déjà dû fermer des services, sur un peu plus de 1 300 à travers la France.
Remplacement à permanent
M. Goeminne a déclaré que les hôpitaux de son groupe (huit établissements de la Meuse à la Haute-Marne) cherchent à résoudre le problème en essayant de convaincre le plus de personnel suppléant possible de devenir des membres permanents de l’équipe.
Cependant, cela prend du temps et des ressources, en raison des longs processus d’entretien et de recrutement. Consacrer du temps au recrutement de nombreux membres du personnel signifie également que d’autres tâches, telles que la formation du personnel, l’organisation des équipes et les évaluations des risques, doivent être temporairement mises de côté.
Et encore, il a dit : « Comme chaque année, on va être obligé de fermer des lits. »
Fermetures de vacances
Son collègue Julien Bilhaut a indiqué qu’il devra fermer 40 lits cet été, pour assurer la sécurité des patients.
Il a dit : « Je ne veux pas faire de bodge job. Je préfère réduire et plafonner, pour la sécurité du personnel et pour le rassurer, car c’est une période très anxiogène.
Le président du SNMRH, Eric Reboli, a déclaré que certains services auront certainement du mal cet été. Il a déclaré: «Ça ne se passera pas bien dans certains établissements.
« Par exemple, à Bastia (Corse), que vont-ils faire pendant les vacances ? Décréter un « plan blanc » pour réquisitionner le personnel et empêcher tout le monde de partir en vacances ? Le personnel n’aimera pas ça.
Une directrice d’entreprise médicale, Julie Courpron au CHU de Rennes, dit que elle « sauvegarderait les vacances de juillet et août » de ses équipes, « mais que ce sera très difficile ».
Elle a déclaré: « Nous savons qu’il y aura de nombreux trous dans nos horaires. Nous essayons de partager au maximum les ressources, pour garantir le maintien de toutes les activités. Nous avons réussi à passer le mois d’avril, mais passerons-nous l’été? » Personne ne peut le dire, il y a déjà des incertitudes sur mai et juin.
De même, l’hôpital de Laval (Mayenne) fait partie de ceux à avoir déjà annoncé qu’il sera obligé de fermer des lits dans son service des urgences pendant au moins 10 nuits en mai, avec seulement les cas les plus graves admis de 18h30 à 08h30 tout au long du mois.
« Moins négatif qu’on ne le craignait »
Malgré les tensions, cependant, certains hôpitaux ont constaté que la loi n’avait pas eu l’impact négatif qu’ils craignaient.
Pierre Pinzelli, directeur des hôpitaux d’Avignon et de Cavaillon, a déclaré : « Quand ils ont annoncé le projet de loi, nous avions des craintes et des interrogations. [But it came into force and] nous n’avons eu aucun cas d’arrêt de travail du personnel ou de modification de son offre de soins de santé.
Il a déclaré avoir engagé un « dialogue avec chaque médecin » et leur avoir proposé des contrats « motif 2 » dans le cadre de la nouvelle loi. Celles-ci permettent de porter le plafond salarial à 1 700 € pour un poste de 24 heures, avec l’accord de l’Agence régionale de santé (ARS).
Il a déclaré que la loi avait affecté le nombre de suppléants travaillant à l’hôpital. Il a déclaré: «Les ratios changent. Avant avril, nous avions 65 % de suppléants aux urgences et environ 50 % dans les autres services. Maintenant, c’est le contraire. Nous avons 15 à 25 % de suppléants dans certains services.
Le ministre français de la Santé, François Braun, a minimisé la question. Il dit FranceInter: « Il y a des tensions, mais elles existaient déjà avant l’application de cette loi. »