La réforme des pensions pourrait-elle influencer les prochaines élections ? Alors que le scrutin européen se tiendra dans un an, les partisans du Président sont très confiants. L’analyse politique de Jean-Rémi Baudot.
« Franchement, c’est un excellent sondage ! » : voilà ce qu’a déclaré un cadre Renaissance en réaction à l’étude Ifop sur les élections européennes publiée le 13 mai. Bien que le parti présidentiel arrive en deuxième ou troisième position derrière le RN et la Nupes, selon les scénarios, il se dit confiant : être crédité de 19 et 22 %, en pleine crise des retraites, en Macronie, est considéré comme un bon résultat.
Un avis partagé à Bruxelles : « C’est une base solide dans une période difficile », analyse un conseiller. « 20 %, cela signifie que nous avons toujours la base électorale européenne de Macron », se rassure un eurodéputé de la majorité.
Parler d’Europe pour ne pas aborder le sujet des retraites
Peut-on parler d’auto-persuasion en temps de crise politique ? Un peu. Mais les partisans de Macron à Bruxelles parient que la situation politique sera différente dans un an. Qui peut dire si les « casserolades » se poursuivront encore lors des déplacements du Président en juin 2024 ?
Ils ont aussi une conviction : que les Français se souviendront que l’Europe a été présente pendant la pandémie, la relance après la crise du Covid et surtout pour l’Ukraine. « Il faut montrer qu’à 27, on est plus fort », insiste la direction de Renaissance à Bruxelles, esquissant ainsi les arguments d’une future campagne. Les élections européennes de 2024 sont encore loin et la question n’a été abordée que vendredi matin, lors d’une réunion « Europe Ensemble » à l’Élysée entre le Président et les cadres de la majorité présidentielle en Europe. Cependant, selon nos informations, la liste française Renew ne devrait pas être connue avant début 2024, tout comme le chef de file.
La Macronie redoute une liste « Socialistes et écologistes »
« On n’a pas intérêt à entrer trop tôt en campagne », affirme un pilier macroniste à Bruxelles, comme une manière de prendre de la distance avec les retraites et d’observer les mouvements des adversaires.
Un conseiller élabore une théorie : « Que ce soit en leur faveur ou contre, les listes ayant récemment obtenu les meilleurs scores avaient des positions claires sur l’Europe ». C’est vrai pour le RN, euro-sceptique, et pour les macronistes, pro-européens. Et la gauche ? Qu’elle soit divisée ou rassemblée en format Nupes, elle n’affecte guère les sondages de la liste macroniste.
La véritable inquiétude de Renew serait une liste réunissant « Socialistes et écologistes ». Cette solution pourrait attirer des électeurs soucieux de l’Europe et du climat qui ne souhaiteraient plus soutenir Emmanuel Macron, sapant ainsi la base électorale espérée par les macronistes. Une stratégie qui serait en cours d’élaboration en coulisses par des cadres socialistes.