Le réalisateur argentin explore la question du déterminisme social et des barrières psychologiques. Il propose également une solution pour s’en affranchir. « Los Delincuentes » est un long-métrage argentin plein de joie et d’entrain.
« Le film a une durée de trois heures, moins longue qu’une certaine finale de football, » plaisante le réalisateur Rodrigo Moreno en introduisant son film Los Delincuentes, un feel-good movie légèrement amoral présenté dans la sélection Un certain regard. Le réalisateur savoure cette petite victoire, sachant que la réalisation du film lui a pris cinq ans. » Alors, trois heures… ». Effectivement, trois heures passent vite et Los Delincuentes est un conte moderne sur la liberté et ce qu’elle coûte. Selon le personnage Roman, qui décide de voler sa propre banque à Buenos Aires, le prix à payer est de trois ans et demi. C’était soit cela, soit travailler pendant 25 ans chez le même employeur, exercer le même métier et répéter les mêmes gestes indéfiniment pour le reste de ses jours. La monotonie pèse sur Roman, et il a des rêves qui n’ont rien à voir avec son travail.
Le coût de la liberté
Pour concrétiser son plan, Roman a besoin de l’aide de Morán, un collègue profondément honnête. Morán finit par céder, sous le poids de la séduction et de l’intimidation. Ils sont désormais liés. Que faire de l’argent? Morán, interprété par un Esteban Bigliardi inspiré, éprouve un dégoût physique et ne peut pas laisser les liasses de billets chez lui. Il en devient malade. S’agit-il d’une nouvelle version de Crime et châtiment? Rodrifo Moreno préfère explorer d’autres horizons et d’autres contrées. Ses personnages découvrent la liberté presque malgré eux, chacun se tournant vers des rivages inconnus. Tous deux maladroits, ils découvrent l’amour vrai et s’aventurent dans l’inconnu, abandonnant leur vie réglée comme une horloge.
Certains murs et barreaux sont dépourvus de prisons, tout comme certaines prisons ressemblent à des salles d’attente pour une vie meilleure. Le réalisateur argentin questionne les codes sociaux et les prisons psychologiques. Peut-être que le bonheur se trouve loin de la ville, dans les montagnes? Peut-on posséder des biens, des êtres humains, sans illusions? Qui sont donc les véritables criminels?
Rodrigo Moreno démontre, s’il en était encore besoin, que le cinéma sud-américain est en pleine renaissance, plus vivant que jamais. Los Delincuentes est un film résolument optimiste et joyeux.
La fiche
Titre: Los Delincuentes
Réalisation: Rodrigo Moreno
Durée: 3 heures
Distribution: Daniel Elias, Esteban Bigliardi et Margarita Molfino
Synopsis: Roman et Morán, deux employés de banque modestes de Buenos Aires, sont prisonniers de la routine. Morán met en place un projet fou : voler un montant équivalent à l’ensemble de leurs salaires dans un coffre-fort. Devenus des criminels, leurs destins sont liés. Tout au long de leur cavale et de leurs rencontres, chacun emprunte un chemin différent vers la liberté.