Plus de soixante jours après que nous ayons révélé des informations concernant l’usage et la supervision du Fonds Marianne, qui a pour objectif de combattre le séparatisme en ligne, un rapport de l’inspection générale de l’administration (IGA) a récemment présenté ses premiers résultats. Ceux-ci mettent en lumière des lacunes dans la manière dont ces fonds publics sont gérés.
Ce premier rapport, publié le mardi 6 juin, se penche sur la subvention accordée à la principale association récompensée par le Fonds Marianne. Ce fonds a été lancé en avril 2021 par Marlène Schiappa, alors ministre déléguée à la citoyenneté, quelques mois après le meurtre du professeur Samuel Paty. Les conclusions de ce rapport de 34 pages mentionnent « un appel à projet qui n’a pas été transparent ni équitable », selon l’IGA, qui souligne également « une défaillance dans l’organisation du service » responsable du Fonds Marianne, « un défaut de vigilance » et « un manque de discernement de la part de son responsable ».
Le 30 mars dernier, nous révélions que parmi les 17 associations lauréates du Fonds Marianne pour un montant total de deux millions d’euros, l’une d’entre elles, l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation au service militaire (USEPPM), avait reçu une promesse de dotation de 355 000 euros pour « déployer un contenu multimédia, un message positif de réenchantement des valeurs de la république et un autre en déconstruction des attaques violentes subies par la République. »
Selon l’IGA, « la production en ligne de l’association est limitée » et son rapport recommande « le remboursement de 127 476 euros, soit près de la moitié de la subvention perçue ».
Dans un communiqué de presse, le ministère de l’Intérieur précise que le préfet Christian Gravel, responsable de la gestion de ce fonds, « a souhaité démissionner et sa démission a été acceptée ».
Ce dernier a déclaré à L’Oeil du 20H : « J’ai présenté ma démission de Secrétaire général du CIPDR, constatant que les conditions ne sont plus réunies pour assurer mes fonctions aujourd’hui. Je considère que cette décision s’impose pour préserver la continuité des politiques publiques essentielles à la sécurité de nos concitoyens et à la défense de nos principes fondamentaux. »
Auditionné le 16 mai dernier devant la commission d’enquête sénatoriale, le préfet Gravel justifiait alors la bonne utilisation des fonds concernant l’association principale visée : « Qualitativement, le bilan est positif. C’est objectivement la seule association qui a fait ce pour quoi elle était engagée. Je considère, en toute objectivité, que le travail est de qualité. »
Entendu quinze jours plus tard, l’ancien président de l’association, Cyril Karunagaran, expliquait que « des vidéos avaient bien été produites et vues par des milliers de personnes. »
Début mai, le parquet national financier a ouvert une information judiciaire pour des soupçons de « prise illégale d’intérêt » et de « détournement de fonds publics par négligence », entre autres.