Un an après l’élection de 89 députés du Rassemblement national à l’Assemblée nationale, quel est le bilan pour les représentants du parti de Marine Le Pen ?
Il y a un an, en juin 2022, les Français ont élu une Assemblée nationale inhabituelle en y envoyant 89 députés du Rassemblement national. Pour la première fois de l’histoire du parti, créé en 1972 sous le nom de Front national par Jean-Marie Le Pen, il est devenu le premier groupe d’opposition. Cependant, après douze mois, le bilan est contrasté.
La principale réussite du mouvement dirigé par Marine Le Pen réside dans l’obtention de plusieurs postes clés au sein de l’institution, tels que deux vice-présidents de l’Assemblée, la présidence de vingt-quatre groupes d’amitié et de quinze groupes d’étude, comme celui sur la viticulture. Toutefois, le poids du RN dans l’hémicycle est plus limité. Les députés du parti votent souvent comme la gauche lorsqu’ils s’opposent à la plupart des textes économiques et sociaux, mais ils approuvent généralement les textes régaliens proposés par le gouvernement.
Une participation faible aux débats par le groupe RN
Par exemple, les 89 députés ont voté avec la majorité présidentielle et les Républicains sur la loi de programmation militaire et le développement du nucléaire. Cette situation ne plaît pas aux députés macronistes, comme Pieyre-Alexandre Anglade, qui estime qu’il n’y a malheureusement aucun moyen d’empêcher un député de voter. Il considère que le RN « reste l’extrême droite » et que le groupe travaille peu : « Une tactique que je qualifierais de dissimulation. Le groupe RN participe peu aux débats. Ils s’assoient, mais ils ne proposent et ne disent rien. »
Des amendements « xénophobes » ?
Au-delà des impressions, il y a les chiffres. Une centaine de propositions de lois ont été déposées par les députés RN sur des sujets aussi divers que l’immigration, les eaux usées ou l’endométriose, mais aucune n’a été adoptée. Le groupe est confronté à un front républicain : tous unis contre le Rassemblement national. Le seul vote positif dont le groupe se vante est celui d’une loi en faveur des femmes victimes de violences ; cependant, le RN a repris un texte rédigé par une sénatrice de droite. Le député LR Julien Dive juge cette attitude sévèrement : « C’est quelque chose qui ne se fait pas. Cela montre juste qu’ils n’ont aucune idée et qu’ils vont pomper les propositions chez les autres. » C’est la célèbre « stratégie du coucou ».
Pour Julien Dive, le bilan du RN est tout simplement « famélique ». Le groupe n’a réussi à faire adopter qu’une cinquantaine d’amendements dans l’hémicycle, ce qui est le score le plus faible. Le socialiste Arthur Delaporte estime que ces propositions révèlent souvent la « vraie nature du RN » : « Derrière la cravate se cachent des amendements antirépublicains ou xénophobes, quasiment dans chaque texte, qui visent à restreindre les droits des étrangers… » La gauche critique également l’attitude du RN pendant la réforme des retraites, considérant que le groupe de Marine Le Pen incarne une « opposition de façade ».