Comme si la distance de 300 km ne suffisait pas, les participants sont également tenus d’apporter une bouteille d’alcool de leur lieu d’origine
Commenceriez-vous une course que personne n’a jamais terminée ?
C’est exactement ce qu’un groupe de 40 coureurs de trail en France devrait faire, vendredi 16 juin, sur la ligne de départ près de Grenoble (Isère, Auvergne-Rhône-Alpes).
Créé en 2017, le 300km Chartreuse Terminorum Le trail, qui fait le tour du monastère de la Grande Chartreuse dans les forêts du massif de la Chartreuse, est connu pour être l’une des courses les plus dures au monde.
Plus de 300 personnes postulent chaque année, dont seulement 30 à 40 sont acceptées.
Les candidats doivent répondre à une question par courrier : « Pourquoi devrais-je être accepté pour participer à la Chartreuse Terminorum ?
300kms, ⛰️+25000 de dénivelé. Pas de GPS, pas d’assistance. ⏳Maximum 300h. L’ultra français La Chartreuse Terminorum commence demain.
5ème édition, pas de finisher pour l’instant. https://t.co/d1w38yhmzf— Benjamin Larrousse (@BLarrousse) 15 juin 2023
Depuis le 11/11/2019#piste #trail #ultratrail #chartreuseterminorum #chartreuse #terminorum pic.twitter.com/MnEVz2xW97
— Alfonso García (@AlfonsoGarciaTT) 11 novembre 2019
La race tire son nom du Sapinus Terminorum Cartusae, le sapin qui marque la limite de la Chartreuse. Son parcours change chaque année, mais l’idée reste la même.
Les coureurs doivent effectuer cinq boucles de 60 km, dont 25 000 mètres de dénivelé positif. Ils doivent boucler l’intégralité de l’épreuve en 80 heures maximum (16 heures par tour). Les participants ne peuvent pas utiliser le GPS ou avoir des assistants voyageant avec eux.
Ils dormiront à peine pendant trois jours, ne s’arrêtant que pendant de courtes périodes pour faire la sieste et faire le plein.
La devise de la course est la ligne latine : Neque porro quisquam est qui dolorem ipsum quia dolor sit amet, consectetur, adipisci velit (Personne ne veut la douleur elle-même, mais cherche la douleur à poursuivre [and] gagner).
La course est entourée de mystère, seuls les organisateurs eux-mêmes connaissant l’heure exacte du départ. Même les participants ne savent pas exactement quand les choses commenceront.
Un coureur, Antoine Comalada, qui a tenté la course à deux reprises, a déclaré cette année-là : « C’était la pleine lune, et j’étais convaincu que nous partirions de nuit. On entendait les portes claquer, les voitures claquer, toutes sortes de stratagèmes pour nous faire croire que nous étions sur le point de partir. Je n’ai pas dormi de la nuit… et nous sommes finalement partis le matin.
Une fois le « gong de départ » retenti, les coureurs ont une heure pour se préparer et faire le plein avant le début de la course.
Il n’y a jamais eu de cérémonie des vainqueurs ou des médailles, car personne n’a encore terminé le parcours, bien que certains des meilleurs ultrarunners du monde aient tenté le défi.
La démente Chartreuse Terminorum va-t-elle enfin avoir un finisher ?
➡️ https://t.co/ANvFmnNw8a pic.twitter.com/ndEd7e71YX— 20 Minutes Sport (@20minutesSport) 15 juin 2023
Entrée Chartreuse Terminorum hier à minuit ! Sertan court aussi ! pic.twitter.com/GfEbq5WAQ7
— Courir dans les Alpes (@runningthealps) 17 juin 2022
En 2019, le Français David Barranger et l’Espagnol Imanol Aleson Orbegozo ont tenté en vain de boucler la quatrième boucle.
M. Barranger a déclaré: « Le niveau continue de s’améliorer. En ce qui me concerne, les pièces du puzzle commencent à s’assembler. »
Benoît Laval, l’un des organisateurs de la Chartreuse Terminorum, a défendu la difficulté de la course.
Il a déclaré : « Il n’y a rien de plus facile que d’organiser une course impossible à terminer, mais cela n’a aucun sens et ce n’est pas notre objectif. Nous faisons un ultra-trail à la limite du faisable et nous serons pleinement satisfaits lorsque nous aurons le premier vainqueur. Il y aura bientôt un gagnant. C’est le but.
« En soi, le parcours n’est pas insurmontable, mais c’est le bon dosage de pente, distance, orientation, gestion de la fatigue et temps qui le rend d’autant plus complexe. »
Parlant de la proximité de la course avec le monastère isolé, M. Laval a déclaré : « Les moines étaient plutôt amusés à l’idée d’imaginer la solitude de ces athlètes courant au milieu de la nuit en silence. Ça leur a parlé. »
La course a aussi quelques autres particularités : elle ne coûte que 3 € pour courir (contrairement aux centaines voire milliers de certaines courses prestigieuses), et chaque participant doit apporter une bouteille d’alcool de son lieu d’origine (clin d’œil à l’héritage chartreux de la course).