Les médecins généralistes qui distribuent trop de jours de maladie pourraient être passibles d’une amende pouvant aller jusqu’à 9 000 €
Le principal syndicat français des médecins généralistes a critiqué l’organisme public d’assurance maladie du pays pour ses projets de répression du nombre de jours de maladie que les médecins accordent à leurs patients.
Une nouvelle campagne de Assurance Maladie cherche à limiter le nombre de jours de maladie que les médecins accordent aux travailleurs en France après qu’une étude a révélé que près de la moitié des travailleurs avaient plus de trois jours d’absence consécutifs en 2022.
Les médecins qui sont considérés comme donnant trop de jours de maladie devront justifier leurs choix, et si Assurance Maladie le juge déraisonnable, les médecins généralistes pourraient encourir des amendes pouvant aller jusqu’à 9 000 €.
Jusqu’à 15 000 médecins seront visités dans le cadre des contrôles, dont environ un millier déjà pointés du doigt comme « hauts prescripteurs » d’arrêts de travail.
Le Fédération française des médecins généralistes Le syndicat des médecins généralistes affirme que la campagne fait des médecins un « bouc émissaire » et « condamne sévèrement » les plans du gouvernement.
Pour sa part, Assurance Maladie déclare que la campagne est un retour à des contrôles normaux qui ont été interrompus pendant Covid, et qu’il était légitime d’évaluer les médecins qui « prescrivent cinq à dix fois plus [sick days] que la moyenne nationale. »
« Une campagne d’intimidation »
La campagne a été accueillie avec colère par les médecins généralistes, qui y voient simplement une nouvelle attaque contre leur profession.
« Il y a des abus d’indemnités journalières, mais très peu chez les généralistes… [mostly] sur les plateformes de téléconsultation », a déclaré la présidente du syndicat Agnès Giannotti en réponse à l’annonce.
« Qui a déréglementé [GP services]? C’était le gouvernement. Qui a donné aux plateformes un accès direct à Mon Espace Santé (ndlr : l’espace santé en ligne qui montre l’historique de santé d’un patient) ? Le gouvernement. Pointer du doigt les médecins généralistes est absolument scandaleux », a-t-elle ajouté.
Pour elle, la cause profonde du problème est les problèmes sociologiques, qui ne sont pas traités de manière adéquate.
« Les besoins en soins augmentent, la population vieillit, l’âge de la retraite est repoussé… [we need] une politique responsable qui anticipe cette hausse des coûts », a-t-elle déclaré.
Au lieu de cela, elle estime que le gouvernement cherche à limiter les dépenses courantes, avec un manque de vision à long terme.
Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a annoncé lundi 19 juin qu’au moins 10 milliards d’euros d’économies doivent être réalisées par l’État français avant 2027, principalement en provenance des ministres de la Santé et du Travail.
Plus de travailleurs prenant des congés de maladie – mais pour des périodes plus courtes
Assurance Maladie indique que les dépenses de l’État pour les congés de maladie ont augmenté de 7,4 % en 2022 et ont augmenté en moyenne de 6,6 % par an depuis Covid.
« La croissance des salaires et de l’emploi n’explique pas à elle seule cette hausse des dépenses », a-t-il déclaré.
Le nombre de personnes prenant trois jours de congé consécutifs au moins une fois par an – 48 % de la population active en 2022 – était considérablement plus élevé que les 36 % en 2021, ou 39 % en 2020.
Cette mesure est particulièrement ciblée car trois jours de maladie consécutifs constituent le montant minimum requis pour bénéficier des indemnités de congé de maladie en France.
Cette règle de trois jours a été temporairement réduite pendant la pandémie de Covid-19, mais les règles d’origine ont été récemment rétablies, ce qui peut expliquer pourquoi Les assurances maladie la répression est passée à la vitesse supérieure.
Malgré l’augmentation du nombre de personnes prenant des congés de maladie consécutifs, l’absence moyenne en cas d’arrêt de travail a considérablement diminué – 32 jours par an en 2020 contre seulement 26 en 2022.