Suite au taux de recouvrement insuffisant, Emmanuel Macron a révélé lors d’une interview accordée à « La Provence » que les contraventions pour détention ou usage de cannabis pourraient être réglées sur-le-champ, en utilisant une carte de crédit ou du cash.
« Nous allons nous transformer en agents de recouvrement du Trésor public », a déploré le 26 juin sur 42mag.fr Jean-Christophe Couvy, secrétaire national unité SGP-police Force Ouvrière, suite à l’annonce d’Emmanuel Macron selon laquelle les amendes pour possession ou consommation de cannabis « pourront être payées immédiatement » en carte bancaire ou en liquide, lors d’un entretien à La Provence.
Jean-Christophe Couvy « a des doutes » concernant la capacité de l’administration à mettre en place cette mesure sur le terrain. D’après lui, cela ne changera pas grand-chose: « Nous continuerons à faire comme avant, c’est-à-dire à donner l’amende forfaitaire et à la faire payer plus tard », affirme-t-il.
Le syndicaliste a énuméré les différentes difficultés que pourraient rencontrer les policiers dans cette situation. Il souligne la « charge supplémentaire » liée à la gestion des terminaux de paiement. En effet, 5 000 terminaux de paiement seront distribués aux agents d’ici la fin de l’été, selon le président de la République. De plus, Jean-Christophe Couvy est réticent à l’idée de « transporter de l’argent liquide » sur le terrain.
Il estime que cette mesure peut mettre les policiers dans des situations compliquées: « Imaginez un peu la tension sur le terrain avec la personne qui est souvent déjà en possession de stupéfiants. Vous allez lui dire ‘Monsieur, nous allons vous accompagner jusqu’à une banque ou un guichet et vous allez nous donner spontanément votre argent' », ironise-t-il.
Un faible taux de recouvrement
Le syndicaliste fait également remarquer que certaines personnes arrêtées « sont sous tutelle ou curatelle. Je ne suis pas sûr non plus que ces personnes-là aient de l’argent sur elles ». Les mineurs ne seront pas concernés non plus, car ils « ne paient pas d’amendes », explique-t-il, alors que le chef de l’État s’est alarmé du faible taux de recouvrement des amendes forfaitaires délictuelles (AFD).
Selon Jean-Christophe Couvy, secrétaire national unité SGP-police Force Ouvrière : « L’AFD sur le papier, c’est peut-être une bonne idée, mais dans les faits, quand on a que 30 à 35% de taux de recouvrement, c’est un peu un échec. C’est un goût amer. Ça veut dire qu’on travaille vraiment pour rien et il y a plein de personnes qui passent à travers les mailles du filet. »
Jean-Christophe Couvy ne comprend pas pourquoi ce chiffre est si bas: « Lorsque vous ne vous acquittez pas d’une amende, au bout d’un certain temps, on bloque vos comptes. Le Trésor public se sert sur vos comptes. Pourquoi cela ne fonctionnerait-il pas avec les AFD ? », se demande-t-il.
Il attend donc le décret d’application pour déterminer les avantages de cette nouvelle mesure. Il admet qu’elle pourrait augmenter le taux de recouvrement : « Nous prenons toutes les bonnes idées. Mais c’est encore une fois la capacité de notre ministère, et des ministères en général, à mettre en place ces idées sur le terrain », explique-t-il.