Lundi, les employés des tribunaux ont organisé des rassemblements pour exprimer leur mécontentement face à une nouvelle grille de salaires et pour réclamer un renforcement des effectifs. À Paris, environ 200 personnes se sont réunies durant leur pause déjeuner pour témoigner de leur désaccord.
Des pancartes portant les inscriptions « Les calculs ne sont pas bons », « stop au mépris » ou encore « injustice dans la justice » ont été improvisées par les greffiers en robe noire réunis dans le calme devant le tribunal judiciaire des Batignoles à Paris. Ils étaient entre 150 et 200 manifestants, lundi 26 juin. D’autres rassemblements ont eu lieu au même moment devant de nombreux tribunaux en France, dans le but de revendiquer une meilleure reconnaissance du métier.
Pauline, une greffière épuisée de seulement trois ans d’expérience, a écrit sur sa pancarte « J’en ai marre, je me barre ». Elle vient de réussir un autre concours de la fonction publique pour un poste mieux rémunéré au ministère de l’Économie. Pauline explique que malgré sa passion pour son travail, les conditions ne sont pas possibles. Les greffiers sont submergés de dossiers sans avoir suffisamment de moyens et de temps pour les traiter correctement. Ils sont confrontés quotidiennement à des victimes qui leur demandent quand sera résolu leur dossier, sans pouvoir leur donner de réponse.
Pauline demande une revalorisation des salaires dans sa branche, car selon elle, le salaire actuel est minable pour un métier qui nécessite quatre ans d’études et 18 mois de formation. Les greffiers sont les grands oubliés de la justice et réclament des moyens supplémentaires ainsi qu’une meilleure reconnaissance.
Au cours des cinq dernières années, le nombre de départs de greffiers vers d’autres administrations a augmenté de 400%. Certains sont même embauchés par des cabinets d’avocats qui proposent des salaires doublés. Pour réussir le concours de greffier, il faut en principe avoir un niveau bac + 2, mais dans les faits, ceux qui le réussissent ont souvent un niveau bac + 4.
Evelyne, greffière depuis plus de 20 ans, gagne mensuellement 2 300 euros. Selon elle, la nouvelle grille indiciaire ne permettra pas de passer de la fonction publique catégorie B à la catégorie A. Elle déplore le traitement condescendant du ministère envers les greffiers qui font tout leur possible pour que la justice avance malgré leur sous-effectif. Evelyne témoigne également de la baisse de salaire qu’elle subira avec la nouvelle grille indiciaire, soit seulement 12 euros de plus par mois.
Les magistrats sont venus soutenir leurs collègues greffiers lors des manifestations, car ils reconnaissent l’importance de leur travail pour le bon fonctionnement de la justice. Mathieu Bonduelle, juge d’instruction à Paris, avoue que sans les greffiers, la justice ne peut pas tourner, car ils sont essentiels pour authentifier certains éléments et prendre les notes d’audience.
Quelques représentants des greffiers ont été reçus à la chancellerie lundi soir. Ils promettent de nouvelles actions dans les prochains jours. Les mobilisations ont commencé une semaine avant de manière spontanée, accompagnées d’une pétition en ligne.