Dans une séquence vidéo diffusée sur Instagram ce mercredi, Mathieu Kassovitz donne son avis suite au décès du jeune garçon de 17 ans à Nanterre. Par ailleurs, il établit une analogie entre cet événement tragique et son film « La Haine » sorti depuis trente ans.
Un appel fervent. Suite à l’incident tragique impliquant Nahel à Nanterre, Mathieu Kassovitz, réalisateur renommé, s’est exprimé sur les médias sociaux pour dénoncer la fureur et l’agressivité engendrées dans diverses villes françaises depuis le mardi 27 juin. Cette éruption de violence a abouti à l’arrestation de 875 personnes entre le soir du jeudi 30 juin et le lendemain matin, à la suite de troubles civils provoqués par le décès d’un jeune conducteur, abattu par un policier pour n’avoir pas obtempéré. Ces chiffres sont issus du dernier bilan partagé par le ministère de l’Intérieur.
Ces flambées de violence illustrent les similitudes avec les troubles de 2005, déclenchés par les décès de Zyed et Bouna, et ceux précédents. En 1995, près de trente ans auparavant, Mathieu Kassovitz a dirigé le film La Haine. Il y dresse le tableau d’une cité au lendemain d’une nuit d’émeutes entre jeunes et forces de l’ordre, suite à l’agression d’un résident par un officier de police. Le spectateur suit alors la déambulation de trois amis, incarnés par les acteurs Vincent Cassel, Saïd Taghmaoui et Hubert Koundé, de leur banlieue jusqu’à la ville de Paris.
Une œuvre cinématographique marquante
Dans une publication Instagram, le cinéaste, avec une voix étranglée par l’émotion, déclare : « La Haine n’est pas un obscur petit film ».
De son point de vue, le film « est désormais intégré à notre culture ». Il représente une part « de ce que nous sommes ». « Vince, Hubert et Saïd sont nos frères et sœurs cadets, nos enfants aujourd’hui. »
C’est à l’époque de la réalisation de La Haine que nous avons commencé à discuter de ces bavures policières, il y a de cela 30 ans.
Mathieu Kassovitz, réalisateur de La Haine
Le film a permis à « chacun d’apprendre beaucoup », affirme le réalisateur. Mais malheureusement, « certaines personnes ne comprennent apparemment toujours pas avec qui elles ont à faire et qui sont ces jeunes », regrette-t-il. « Ce sont des fils, ils ne sont ni des voyous ni des criminels : ils n’ont pas d’armes », tient-il à rappeler.