Emmanuel Macron envisage d’instaurer des pénalités financières pour les familles des jeunes violents. À Marseille, les parents issus des quartiers défavorisés se perçoivent comme étant directement visés.
Emmanuel Macron songe à pénaliser « monétairement » les proches des mineurs coupables d’agressions, « une forme de forfait minimum au premier dérapage« . Suite à la droite, Emmanuel Macron suggère une idée-choc comme réponse aux soulèvements urbains après la disparition de Nahel à Nanterre. Sa déclaration n’a pas nécessairement trouvé l’écho attendu dans les quartiers défavorisés.
Sarah, mère de trois enfants à Marseille, ne tolère pas le cheminement du débat politique suite aux émeutes, qui semble la mettre sous le feu des projecteurs injustement et qui se perd dans des stéréotypes et des surenchères de mesures de sécurité. Elle critique l’usage de clichés et de généralisations sans aborder vraiment le cœur du problème. « Cela doit s’arrêter », déclare-t-elle.
De même, Nabil, père de trois adolescents, « se sent ciblé » et critique : « Ce n’est pas acceptable de dire de telles choses, cela fait mal. Ils se trompent et détournent le sujet ».
« Ils ne savent pas comment s’y prendre, alors ils nous blâment. Nous sommes toujours tenus pour responsables. »
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Des déclarations « de plus en plus radicales »
Charifa, quant à elle, affirme : « Oui, certains parents sont défaillants. Mais il ne faut pas stigmatiser ces quartiers où beaucoup de parents élèvent seuls leurs enfants. Ces derniers ont cependant des valeurs et des limites et deviennent des adultes et des professionnels respectables…« .
Pour cette Marseillaise, l’attention devrait se porter en premier lieu sur des questions d’actualité telles que l’emploi, les perspectives d’avenir et les projets. « Nous devons nous concentrer sur le mal-être de ces jeunes qui se sentent perdus et détruisent tout par désespoir. C’est leur moyen de s’exprimer, cela ne signifie pas que nous approuvons leur comportement, car c’est toute la communauté qui en subit les conséquences, mais le malaise provient d’ailleurs. »
Fazia Hamiche, militante associative des quartiers nord de la ville, considère que les mesures proposées, notamment les sanctions financières avancées par le président, ne sont pas à la hauteur des enjeux. Elle déclare que « nous entrons dans un domaine où leurs propos deviennent de plus en plus sévères, ce qui est dangereux car on ne comprend plus la politique qu’ils mènent« . Elle insiste sur le fait que « c’est l’enfant qu’il faut punir, pas le parent. Il est essentiel d’établir un dialogue avec ces jeunes. Une accalmie semble se profiler, mais c’est trompeur. »
Cette colère, selon cette responsable associative, est toujours latente et pourrait ressurgir à tout moment.
Déjà le vendredi 30 juin, le chef de l’État appelait à la « responsabilité de tous les parents« . Le ministre de la Justice les encourageait à « surveiller leurs enfants » : « Les parents qui ne se soucient pas de leurs enfants et qui les laissent errer la nuit tout en sachant où ils s’orientent (…), ils risquent deux ans de prison ferme et 30.000 euros d’amende« , avait rappelé Éric Dupond-Moretti. Dans un document transmis vendredi aux parquets, il est envisageable de recourir à la police pour faire venir les parents qui ne se présenteraient pas à une convocation concernant leur enfant devant la justice, ou de les condamner immédiatement à une amende ou à un stage de responsabilité parentale.