En exploitant le genre de la science-fiction et du surnaturel, une quatorzaine de réalisateurs africains démontrent leurs compétences dans la série « Kizazi Moto : génération feu ». Une vision positive incarnée par de jeunes héros, contemporains et ingénieux.
Dans le cadre de la prochaine série intitulée « Kizazi Moto : génération feu », lancée le 5 juillet sur Disney +, dix jeunes héros passionnants occupent le devant de la scène. On note déjà l’empreinte de l’image difficile mais prometteuse du réalisateur ougandais, Raymond Malinga, avec son premier épisode « Le jeune gardien de troupeau », racontant l’histoire d’un adolescent aux ambitions mûrissantes.
L’itinéraire de ces personnages révèle souvent des obstacles importants, tout comme le chemin traditionnel d’un héros en formation. Cela crée une ligne narrative perpétuelle dans cette série de courts métrages mélangeant la science-fiction à l’étrangeté, révélant l’habilité des réalisateurs de l’animation originaire d’Afrique. Un total de six nations (Afrique du Sud, Egypte, Kenya, Nigeria, Ouganda, Zimbabwe) contribuent à cette production, avec 14 cinéastes impliqués.
Un miroir de l’actualité du continent africain
Lors d’une interview avec la radio sud-africaine 702, Tendayi Nyeke, qui a participé à la production de l’anthologie avec Peter Ramsey – le co-réalisateur de « Spider-Man : New Generation » oscarisé, et Anthony Silverston, a parlé de l’objectif principal des réalisateurs pour ce projet : concevoir un avenir plein d’espoir pour leur continent. S’inspirant de leurs propres terres natales, leurs cultures, leurs contextes, leurs croyances, leurs défis économiques et socio-politiques, et les rêves de leurs jeunes, ils ont su les incorporer dans leurs œuvres. Ces dernières regorgent de références subtiles, offrant aux connaisseurs des pays africains des histoires à la fois uniques et universelles.
L’histoire de l’héroïne de « Poussière d’étoiles » du réalisateur égyptien Ahmed Teilab, une fille d’écurie désirant connaitre son destin, ressemble à celle de Sheba qui recherche son totem numérique dans « Age adulte, me voilà! » du Sud-Africain Tshepo Moche. Une autre thématique récurrente est l’influence de la mère. Cette dernière est magnifiquement représentée dans « Enkai » du Kenyan Ng’endo Mukii, qui utilise une belle métaphore pour décrire une terre ravagée par l’exploitation minière mais qui se régénère grâce à la mère nature.
Métaphore d’une jeunesse informée et active
Les courts métrages présentent également une charge politique importante. Tel est le cas de « Mukudzei », réalisé par le duo zimbabwéen Pious Nyenyewa et Tafadzwa Hove, constituant un monde parallèle dans lequel les zimbabwéens n’ont jamais été colonisés. De même, « Donne-moi un cœur » du sud-africain Lesego Vorster évoque l’influence prédominante des réseaux sociaux à travers un conte futuriste. Dans chaque histoire, l’avenir est magnifiquement dépeint à travers des dessins colorés, donnant vie et profondeur aux récits, comme dans « Moremi » du nigérian Shofela Coker, où les teintes pâles ont un rôle crucial dans l’histoire. Sans oublier l’imagination créative investie dans la conception des objets quotidiens, des environnements et des personnages extraordinaires maniés par les voix de célébrités sur le continent tels les actrices Pearl Tussi (Afrique du Sud) et Kehinde Bankolé (Nigeria).
De nombreux talents artistiques extraordinaires, en quête d’une audience internationale, sont présents sur le continent, a souligné Tendayi Nyeke à la radio 702. « Ce que les artistes africains ont à dire est frais et nouveau, quelque chose que le monde a vraiment besoin d’entendre », a ajouté le réalisateur américain Peter Ramsey, qui a servi de mentor à cette nouvelle génération de cinéastes africains. À l’image des jeunes filles et garçons qu’ils décrivent dans leurs œuvres, ces derniers paraissent être aussi pragmatiques, vivants et dynamiques que leurs personnages, et ne lésinent pas sur les scènes d’action.
« Kizazi Moto : génération feu » est une compilation de 10 courts métrages d’animation :
« Le jeune gardien de troupeau » de Raymond Malinga (Ouganda)
« Moremi » de Shofela Coker (Nigeria)
« Surf Sangoma » de Nthato Mokgata et Catherine Green (Afrique du Sud)
« Enkai » de Ng’endo Mukii (Kenya)
« Mkhuzi: l’esprit de la course » de Simangaliso « Panda » Sibaya et Malcolm Wopé (Afrique du Sud)
« Donne-moi un cœur » de Lesego Vorster (Afrique du Sud)
« Mukudzei » de Pious Nyenyewa et Tafadzwa Hove (Zimbabwe)
« Poussière d’étoiles » de Ahmed Teilab (Égypte)
« Age adulte, me voilà! » de Tshepo Moche (Afrique du Sud)
« Hatima » de Terence Maluleke et Isaac Mogajane (Afrique du Sud)